(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 404-405
/ 5837
(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 404-405

Budé, [Guillaume] né à Paris en 1467, mort dans la même ville en 1540.

Dans son temps on l’appeloit le Prodige de la France. Il ne falloit alors que de l’érudition, pour mériter de magnifiques surnoms. Il est certain que celle de Budé étoit des plus étendues. Le Recueil de ses Ouvrages renferme des Traductions, des Traités, des Dissertations, des Commentaires, & par-tout ce Savant répand avec profusion les connoissances qu’il avoit puisées chez les Anciens. Il a traduit plusieurs Livres de Plutarque, qui prouvent tout à la fois combien il étoit versé dans la Langue Grecque, & combien la nôtre étoit éloignée de la perfection où elle est parvenue depuis. Son Ouvrage de l’Institution d’un Prince, adressé à François I, n’a, à la vérité, que le mérite d’exposer des maximes assez communes ; mais c’est toujours beaucoup de savoir s’attacher à celles qui sont avouées de tout le monde, & de se garantir de la démangeaison d’en hasarder de nouvelles, dont souvent le premier effet est d’étonner par la hardiesse, & le second d’abuser par l’erreur.

Nous avons encore de Budé des Commentaires sur les Langues Grecque & Latine, un Dictionnaire Grec, estimé encore aujourd’hui des Savans, & un Traité de Asse, où il rappelle presque toutes les monnoies des Anciens. Ces trois Ouvrages lui firent une très-grande réputation parmi ses contemporains, parce qu’ils annoncent, chacun en particulier, au plus haut degré, & les trésors de la mémoire, & les fruits d’une étude opiniâtre.

Cet Auteur étoit donc très-digne de l’estime & de la confiance de François I, qui lui donna le soin de sa Bibliotheque. Ce Prince joignit au titre de Bibliothécaire, une Charge de Maître des Requêtes, & le nomma, peu de temps après, Ambassadeur auprès de Leon X. Les Lexicographes prétendent que les sollicitations de Budé contribuerent beaucoup à la fondation du Collége Royal.