(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 403
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 403

Bruys, [François] né à Serrieres dans le Mâconnois, en 1708, mort à Dijon en 1738, Auteur qui a beaucoup écrit, mais qui, pour avoir écrit avant de former son esprit & son style, n’a rien laissé que de médiocre. De France, il passa à Geneve, où il embrassa le Calvinisme. Il se rendit ensuite en Hollande, & y composa plusieurs Ouvrages, qui paroissent plus inspirés par l’indigence, que par le talent nécessaire pour écrire. Telle est une Histoire des Papes, depuis S. Pierre jusqu’à Benoît XIII inclusivement ; compilation aussi odieuse par les mensonges, les calomnies & les déclamations qui y fourmillent, que révoltante par la bassesse & l’inexactitude de l’expression. Cette Histoire souleva également les Catholiques & les Protestans contre son Auteur, qui se brouilla bientôt avec le Clergé Protestant, pour avoir publié des Ouvrages contraires à la Morale & aux principes généraux du Christianisme. Il est donc de la nature de l’esprit humain de ne garder aucune mesure, quand il a commencé à s’écarter du vrai ! La pente qui conduit à l’erreur, est rapide ; on ne s’arrête guere qu’après s’être porté aux derniers excès. Bruys ouvrit enfin les yeux, & Bossuet eut beaucoup de part à sa conversion.

Le meilleur Ouvrage, ou, pour parler plus exactement, le moins mauvais qu’on ait de cet Auteur, est celui qui a pour titre : Tacite, avec des Notes historiques & politiques, pour servir de continuation à ce que M. Amelot de la Houssaye avoit traduit de cet Historien. Cette Traduction & ces Notes, qui forment 6 vol. in-12, sont bien éloignées d’être les meilleures qu’on ait faites, mais elles ont servi à perfectionner les Traductions qu’on a données, depuis, de l’Annaliste Romain.