(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 316-317
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 316-317

Boindin, [Nicolas] de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, né à Paris en 1676, mort dans la même ville en 1751.

A la tête de ses Œuvres, qui n’ont paru qu’après sa mort, est un Mémoire sur sa vie & ses Ouvrages, composé par lui-même, où il ne s’épargne pas les louanges ; ce qui suffiroit pour dispenser le Public de lui en accorder. L’Editeur auroit au moins dû supprimer cette égologie ; il n’est pas permis de parler de soi-même avec autant de complaisance. Il y a bien plus d’adresse à suivre la méthode de certains Auteurs, dont la modestie sait se mettre à l’aise, en se fêtoyant eux-mêmes sous un nom emprunté ; ils ne courent alors de risque que quand le Panégyriste est découvert ; ce qui, à la vérité, ne tarde pas. On peut employer encore un autre moyen : il est certaines Sociétés dévouées à des hommages mutuels, où l’encensoir passe de main en main : il est aisé de s’y faire agréger, afin d’obtenir de ses confreres une ample dose d’encens, en revanche de celle qu’on leur a distribuée.

Boindin étoit Philosophe. C’est un malheur pour lui de n’avoir pas existé de nos jours : son orgueil cesseroit d’être ridicule, s’il étoit érigé, comme à present, en esprit de Corps. Nous doutons cependant qu’on l’eût admis dans la classe philosophique, s’il eût publié de son vivant le Mémoire qu’il a composé pour la justification de J. B. Rousseau, qui n’a jamais été aimé des dispensateurs de la gloire.

On a encore de Boindin quatre Comédies, parmi lesquelles le Bal d’Auteuil & le Port de Mer eurent quelques succès. Le sujet de la premiere, qu’on joue de temps en temps, est riant, & l’intrigue en est assez piquante.

Ses autres Ouvrages, qui consistent dans des Dissertations, ne le distinguent pas des Auteurs médiocres. Il est cependant un des quatre Génies privilégiés du siecle de Louis XIV, qui, selon M. Diderot, auroient été seuls capables de fournir quelques articles à l’Encyclopédie. Credite Pisones.