(1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXII » pp. 131-132
/ 5837
(1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXII » pp. 131-132

XXXII

les mystères de paris.

Il paraît décidément que Sue, sans le vouloir, aura touché quelque fibre vive et saignante, et elle s’est mise à vibrer. L'humanité, dès qu’il s’agit d’elle, se prend vite au sérieux.

On l’a dit, on est toujours le jacobin de quelqu’un.

— On est toujours le moraliste de quelqu’un.

Tout est relatif : peut-être, après tout, que les Mystères de Paris sont un livre de morale pour les personnes de la Cité et de la rue aux Fèves. Rien n’est burlesque pourtant comme ces élancements à saint Eugène 28 Sue, quand on sait le dessous des cartes.

On dit qu’il a reçu, à l’heure qu’il est, plus de onze cents lettres relatives aux Mystères de Paris, magistrats qui lui soumettent leurs idées, jeunes filles qui lui offrent leur cœur. Il pourra publier tout cela en appendice. Ce ne sera pas le volume le moins piquant.

O humanité ! — que tu es toujours en train de légendes, et qu’il te faut des saints à tout prix !

Enfin Béranger (grave symptôme !) est allé visiter Eugène Sue ; le chansonnier populaire a semblé reconnaître le romancier populaire. On ne dit pas s’ils ont bien ri. — Ils auront fait les bonnes gens sérieux. Vivent les gens d’esprit pour suffire à tout !