XXXI
insuccès de lucrèce a sa reprise.
Toujours rien. — Lucrèce n’a décidément reparu que pour mourir, et mourir non pas du poignard, mais de langueur, de froideur, de vieillesse déjà. C'est effrayant comme de nos jours on vit vite et peu : les œuvres comme les hommes. On se survit, on survit surtout à ses enfants. Ce sont les générations renversées. — Voilà une pièce qui, il y a six mois à peine, fait courir tout Paris et sans qu’on le convoque ; elle réussit par son honnêteté même et un certain air de simplicité noble auquel on n’était plus accoutumé et qui nous reprend. Puis on en est déjà las, on n’y trouve plus rien ; c’est la neige d’antan, la neige déjà perdue de l’autre hiver. Quand l’auteur reparaîtra dans un an ou dix-huit mois avec un nouveau drame en main, il sortira comme Épiménide de son antre, on lui demandera peut-être qui il est, ce qu’il veut : il aura tout à refaire, — surtout la curiosité si vive, si mobile, si passagère et inconstante, qui se porte toujours ailleurs, et, à tous ces titres, plus française de nos jours qu’elle ne fut jamais.