(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 168-169
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 168-169

Artaud, [Jean-Baptiste] né à Montpellier, en 1732.

Il est connu par deux Ouvrages, dont le premier est mort subitement, & le second est prêt à éprouver le même sort. L’un est un Roman intitulé, la petite Poste dévalisée, ancien cadre heureusement imaginé avant lui, & dont il n’a su tirer aucun parti. Le style des Lettres prétendues interceptées n’est pas celui des personnages qu’il fait parler ; il est celui de l’Auteur, c’est-à-dire, qu’il est plat, froid, sans justesse, sans variété. On y reconnoît partout la même tournure d’esprit, le même caractere, & il falloit que chaque personnage y eût le sien particulier. Etoit-ce d’ailleurs la peine de ressusciter une invention usée, pour ne débiter que des anecdotes calomnieuses, & rien moins que plaisantes ?

L’autre Ouvrage de M. Artaud est une Comédie en un acte, & à scenes détachées, dont le titre est la Centenaire. Elle a paru depuis peu sur le Théatre, où elle a fait rire un moment les désœuvrés, & bâiller les gens raisonnables. Ce n’est pas qu’elle n’offre plusieurs traits d’esprit ; mais cet esprit est si volatil, qu’il n’est pas capable de soutenir un Ouvrage.

Cet Auteur est aujourd’hui chargé de la rédaction du Courrier d’Avignon, qui, comme on sait, n’offre que des nouvelles surannées, écrites d’un style qui n’est pas capable de dédommager du défaut de nouveauté.