(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 144
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 144

Anneix-de-Souvenel, [Alexis-François-Jacques] né en Bretagne en 1689, mort à Rennes en 1758, étant Bâtonnier des Avocats du Parlement de Rennes.

Ceux qui l’ont entendu plaider, assurent que ses Discours réunissoient le talent d’une éloquence mâle & vigoureuse, à cette douce chaleur de sentiment qui acheve le triomphe de la Justice & de la Vérité, en les faisant aimer de ceux même qui ont intérêt à les combattre. Peu d’Orateurs ont possédé mieux que lui l’art de simplifier les faits les plus compliqués, les incidens les plus accumulés, & de les réduire à une proposition unique, capable de répandre la lumiere sur les objets qui en paroissoient auparavant le moins susceptibles. Ce mérite, soutenu d’une diction noble, élégante & toujours correcte, a fait regarder cet Avocat comme le Cochin du Barreau de Rennes, & doit faire désirer qu’on imprime ses Plaidoyers.

Pour se délasser des pénibles travaux de l’état qu’il avoit embrassé, M. Anneix entretenoit commerce avec les Muses, & son Epître à l’ombre de Despréaux fait regretter qu’il n’ait pas eu plus de momens à consacrer à leur culte. Cette Epître, très estimable par le fond des choses, & souvent par la maniere dont elles sont rendues, est une Satire du goût du siecle pour la frivolité. L’Auteur y venge avec esprit Despréaux & Rousseau de l’injustice de ceux qui ont osé reléguer ces deux grands Poëtes dans la classe des Versificateurs.