(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 122-123
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 122-123

Albon,[Camille Goéric Comte d’] des Académies de Lyon, de Dijon, de Nismes, de la Crusca, de Rome, de Chambéri, de Berne, né à Lyon en 1753.

Une raison prématurée lui ayant fait connoître de bonne heure, que rien ne contribuoit plus que les Belles-Lettres & les Sciences à rendre la vie douce & agréable, il a consacré à l’étude un temps que les personnes de son âge & de son rang donnent ordinairement aux plaisirs & à la dissipation. Il a senti, malgré les préjugés de la naissance, que la premiere de toutes les élévations est celle de l’esprit, & le premier de tous les mérites, celui d’éclairer ses concitoyens. Disciple zélé de l’ami des hommes, il n’a exercé ses talens, comme son modele, que sur des objets utiles.

Son Eloge de M. Quesnai, souvent réimprimé, offre une infinité de vues patriotiques qui font autant d’honneur à son cœur, que la maniere dont il les exprime en fait à son esprit.

Dans son Dialogue entre Alexandre & Titus, il plaide la cause de l’humanité contre ceux qui, sous le titre superbe de Conquérans, en sont les plus terribles fléaux, & il le fait avec une supériorité de raison & d’éloquence digne de nos premiers Ecrivains.

Rien de plus moral & de mieux écrit encore, que son Poëme en prose de la Paresse, prétendu traduit du Grec, Ouvrage plein de chaleur & d’imagination, qui annonce une grande connoissance de la Mythologie, & l’art de la mettre en œuvre sans ostentation.

Les Mémoires que M. le Comte d’Albon à adressés à la Société de Berne, décelent une ame sensible, vertueuse, pénétrée d’amour pour l’humanité, & tourmentée, pour ainsi dire, du désir de la soulager. En un mot, c’est dans les Ecrits de ce jeune Auteur qu’on trouve la saine Philosophie, & non dans les productions de ces Ecrivains orgueilleux qui la font consister dans des maximes ampoulées, dans des sentences froides & de commande, dans des déclamations aigres & séditieuses, faute de pouvoir mieux faire.