XV
viennet et ponsard. — la russie en 1839, par m. de custine. — toujours les universitaires et les jésuites. — louis-philippe et m. villemain. — les mystères de paris.
Voir dans le Constitutionnel de ce matin la lettre de Ponsard à Viennet sur l’article de Magnin. Ponsard a droit de ne pas être content de l’article de Magnin, qui a cette justesse stricte qui n’est peut-être pas l’exacte justice, et qui est sans cordialité ; mais il a tort de se plaindre par écrit, car l’article est loyal, et Magnin a pu parfaitement user d’articles de M. Ponsard imprimés et signés de ses initiales. — Voir la réponse de Magnin, qui doit être dans le Constitutionnel de demain ou de mardi 6 (car elle n’y est pas aujourd’hui 4).
Ponsard a tort, de plus, de se mettre du parti des sots ; et Viennet n’est qu’un sot, lequel, il est vrai, a quelquefois la sottise spirituelle.
— Viennet a fait à une bête de société philotechnique un rapport sur Lucrèce. L'en voilà le patron. C'est une ânerie de sa part. Il croit que ce succès le regarde ; lui, il n’a ni goût, ni littérature, — rien.
Tout cela est fâcheux : on gâte tout ici. On a tant tiré ce jeune homme qu’il n’a plus su choisir son véritable groupe au milieu de cette cohue. On lui rend sa seconde pièce de plus en plus difficile. Honneur à lui s’il s’en tire ! Il aura triomphé de bien des difficultés.
Lucrèce a été un succès sincère, noble, simple, élevé ; rien de tel dans ce qui s’est agité dès le lendemain à l’entour.
— Le livre de M. de Custine sur la Russie est plus qu’un livre agréable : au milieu de beaucoup de répétitions, de bel esprit, d’afféterie même et de prétention à étaler ses propres sentiments qu’on ne lui demande pas, l’auteur a observé avec sagacité, avec profondeur ; il dévoile (et c’est la première fois qu’on le fait) les plaies et les lèpres de cette société russe, de cette civilisation plaquée ; il révèle sur le prince, sur les grands, sur tous, d’affreuses vérités : ce livre porte coup (c’est l’opinion de bons juges, non suspects de faveur).
— Le roi Louis-Philippe, dans cette querelle de l’Université et des jésuites, n’est pas très-favorable à l’Université ; c’est lui qui disait : Querelle de cuistres et de bedeaux. Si Villemain n’a pas proposé cette année sa loi organique sur l’instruction secondaire, c’est que le roi ne s’en est pas soucié : « Laissons faire, disait-il au ministre, laissons-leur la liberté à tous, moyennant un bon petit article de police qui suffira. » — Le roi est peut-être meilleur politique en disant cela, mais Villemin est meilleur universitaire. — Ces querelles religieuses détournent de la politique active immédiate.
— Les deux feuilletons des Débats sur Cécily des Mystères de Paris ont révolté unanimement la morale publique.