(1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIV » pp. 58-60
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(1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIV » pp. 58-60

XIV

article de charles magnin sur lucrèce dans la revue des deux mondes. — polémique des évêques. — mademoiselle de la vallière, par adolphe dumas. — éloge de daunou, par m. mignet.

L'article de Magnin sur Lucrèce passe décidément dans la Revue des Deux Mondes du 1er juin. Il y aura sur les premiers débuts de Ponsard en Dauphiné des détails qui pourront être intéressants.

Cet article, qui va enfin paraître, est, somme toute, très-bon et assez net. Il eût dû être autre le lendemain de Lucrèce et sous le coup de l’enthousiasme même ; il l’eût dirigé en le partageant ; c’est de cette façon empressée que je conçois le mieux le rôle de la critique marchant, comme Minerve, en avant ou à côté de Télémaque. Mais enfin, cela ne s’étant pas fait, et après plus d’un mois, il n’y avait plus qu’à dresser un bilan définitif, à réagir un peu contre tout ce qui s’était dit de trop, et l’article satisfait généralement à ces conditions d’un rapport et d’un résumé final dans la situation très-complexe où se trouvait le critique, engagé qu’il était déjà par les antécédents de la Revue et par ses propres opinions.

Seulement il s’y prend un peu tard pour avertir le Hugo-Napoléon. Échec au roi !

Il a tort (page 753) de ne pas reconnaître dans Lucrèce de l’âme ; c’est ce qui a pris le spectateur.

— La polémique des évêques continue : lettre de l’évêque de Châlons dans l’Univers ; lettre de l’évêque de Chartres.

Je vois, par l’article des Débats de ce matin 29, que le chanoine de Lyon, auteur du livre, le Monopole universitaire, s’appelle Desgarets.

— La chronique politique de la Revue des Deux Mondes est depuis plus d’un mois écrite par Carné, qui l’avait prise durant l’absence de Rossi, lequel était allé présider un concours de droit à Aix en Provence. Rossi est de retour et va reprendre la chronique le 15 juin.

— La pièce d’Adolphe Dumas à la Porte Saint-Martin (Mademoiselle de La Vallière) réussit comme mélodrame ; c’est le siècle de Louis XIV traduit à l’usage des faubourgs. La mise en scène est très-belle. Le peuple apprend là une sorte d’histoire fantasmagorique comme celle de Napoléon au cirque de Franconi. Pas plus fantasmagorique, après tout, que celle de Michelet.

— L'éloge de M. Daunou, par Mignet, équitable et judicieux, mais peu vif, peu amusant ; un peu trop de 89 ; un peu trop de jésuites ; on commence à en avoir assez. Ces grands cadres académiques, que Mignet rend plus symétriques encore, écrasent le portrait quand le personnage n’est pas décidément un type à unité.