À M. le directeur gérant du Moniteur 8
Mon cher directeur,
Vous me permettez de parler de Catherine d’Overmeire que vient de publier notre ami et ancien collaborateur Ernest Feydeau, et vous me dites de le faire sans crainte.
Je vous remercie de m’encourager ainsi et de m’enhardir, et bien réellement j’avais si fort besoin d’être rassuré que je ne vous écris ceci que pour vous dire comme quoi je n’ose, même après votre mot aimable, venir parler de Catherine.
Oui, je suis effrayé, mon cher directeur, et vous en comprendrez les raisons si vous voulez bien vous mettre un instant à ma place, et me laisser vous rappeler tout ce qui s’est passé à la suite de l’article, mêlé de critique et d’éloge, que j’ai écrit sur Fanny 63.
J’ai gardé un défaut, je le vois bien, dont l’âge ne me corrigera jamais. J’ai plus de cinquante-cinq ans, je suis censé très grave aux yeux de quelques-uns ; je viens de terminer un gros livre à demi théologique et d’analyse morale sur Port-Poyal et les Solitaires ; je suis professeur dans une école supérieure et, comme tel, investi de la confiance d’un ministre ami64, à laquelle j’ai à cœur de répondre dignement, et que je tiens à honneur de justifier. Comme professeur, je sens qu’il est de mon devoir de veiller avant tout aux intérêts du goût, à l’explication et au maintien de la tradition, et je crois sentir aussi que je ne ferai pas défaut à ce rôle de conservation littéraire. Dans mes leçons, — dans les écrits qui sont sortis ou qui sortiront de mes leçons —, on a pu voir et l’on verra que je m’acquitte de ma fonction non seulement avec conscience, mais de tout cœur, avec zèle et sincérité. Mais en dehors de cela, comme critique et journaliste, quand je le redeviens, je suis entraîné à m’inquiéter avant tout des intérêts du talent. Y a-t-il du nouveau, y a-t-il encore du neuf en ce monde ? Y a-t-il quelque part encore de la verve, de l’ardeur, de la jeunesse et de l’avenir ? Y a-t-il quelqu’un qui tente et qui promette ? Je me fais ces questions, je reste ouvert et attentif aux réponses qui m’arrivent de temps en temps du dehors, et je ne me laisse pas détourner par cette fin de non recevoir très à la mode depuis quelques années, la morale et le beau.
La morale, qu’on met sans cesse aux prises avec l’art, ne me paraît point devoir lui être si constamment opposée et confrontée. Le grand Gœthe, le maître de la critique, a établi ce principe souverain qu’il faut surtout s’attacher à l’exécution dans les œuvres de l’artiste, et voir s’il a fait, et comment il a fait, ce qu’il a voulu : « Il en est beaucoup, disait-il, qui se méprennent, en ce qu’ils rapportent la notion du beau à la conception, beaucoup plus qu’à l’exécution des œuvres d’art ; ils doivent ainsi, sans nul doute, se trouver embarrassés quand l’Apollon du Vatican et d’autres figures semblables, déjà belles par elles-mêmes, sont placés sous une même catégorie de beauté avec le Laocoon, avec un faune ou d’autres représentations douloureuses ou ignobles. » Il y a donc, selon lui, une part essentielle de vérité, qui entrait dans les ouvrages des anciens, dans ceux qu’on admire et qu’on invoque le plus, et c’est cette part de vérité, cette nature souvent crue, hideuse ou basse, moins négligée des anciens eux-mêmes qu’on ne l’a dit, qu’il ne faut point interdire aux modernes d’étudier et de reproduire : « Puisse, s’écriait Gœthe, puisse quelqu’un avoir enfin le courage de retirer de la circulation l’idée et même le mot de beauté (il entend la beauté abstraite, une pure idole), auquel, une fois adopté, se rattachent indissolublement toutes ces fausses conceptions, et mettre à sa place, comme c’est justice, la vérité dans son sens général ! »
En France et dans notre société, c’est moins encore l’idée de beauté que celle de morale qui fait ce même office de pavé accablant, et dont on s’arme sans cesse, qu’on jette à la tête de tout nouveau venu, avec une vivacité et une promptitude qui ne laissent pas d’être curieuses, si l’on songe à quelques-uns de ceux qui en jouent de la sorte.
Pour moi, en louant dans le premier ouvrage de M. Feydeau l’idée, la situation et le talent, j’avais fait des réserves suffisantes ; mais, me souvenant de nos propres débuts, déjà si lointains, et des accusations, au moins exagérées, dont nous-même fûmes autrefois l’objet de la part d’adversaires prévenus, je ne saurais admettre que le meilleur moyen d’encourager ou de redresser un talent qui se produit soit de lui lancer d’abord un écritoire à la tête ou de le lapider.
Qu’est-il arrivé, au grand scandale de certains critiques de profession ? Ce livre anathématisé par eux a eu la vogue, et il l’a due en grande partie, j’aime à le croire, à une situation vraie, poignante, saisie sur le vif, — oui, à la vie qui y palpitait et au sang qui circulait dans ses veines. Je vois d’ici, j’entends un de mes éloquents confrères à l’Académie s’écrier en levant les bras au ciel et d’un air de désolation : « Oh ! le succès de Fanny ! ne m’en parlez pas ! » Mais comme cet éloquent confrère est le même qui nous propose d’admirer en 1860 les romans de Mlle de Scudéry, peut-il trouver étonnant qu’à de tels caprices rétrospectifs le public oppose ses caprices présents, qu’il y ait des représailles bien légitimes de l’esprit moderne plus positif, et qu’aux fades abstractions quintessenciées on préfère les réalités, fussent-elles un peu fortes ?
J’ai eu beau me tâter, je n’ai pu me repentir ; mais, mon cher directeur, je suis pourtant resté un peu effrayé de voir à quel point la critique littéraire devient difficile, quand on n’y veut mettre ni morgue ni injure, quand on réclame pour elle une honnête liberté de jugement, le droit de faire une large part à l’éloge mérité, de garder une sorte de cordialité jusque dans les réserves, Depuis, en effet, que j’ai parlé des deux romans qui, dans ces dernières années, ont le plus piqué l’attention du public et auxquels je n’avais accordé, ce me semble, que des éloges motivés et tempérés, je n’ai cessé, en toute occasion, d’être dénoncé par des confrères vigilants comme un critique peu moral, presque un patron d’immoralité. C’est à peu près en ces termes qu’un homme d’esprit et de plume (M. de Pontmartin) aime depuis lors à me recommander à ses lecteurs. J’ai connu autrefois M. de Pontmartin, je l’ai même assez connu dans un temps pour qu’il m’ait écrit, le flatteur ! qu’il ne se croyait un peu moins béotien que depuis ce temps-là ; j’apprécie moi-même assez sa fluidité et son agréabilité de causeur littéraire, bien moins, il est vrai, ses romans moraux ; mais je n’aurais pas attendu un tel procédé de ce galant homme65.
Oh ! les salons ! M. de Pontmartin, s’en fait l’écho. Je les ai connus aussi ces salons aimables, si français, si bruyants, si moqueurs, si étourdissants, si bien pensants, si libéraux (à leurs heures), si parlementaires, si ultramontains à la fois, si absolus toujours, où chacun si vite se répète et renchérit à l’envi sur le voisin, et auxquels, avec la meilleure tête du monde, il est vraiment impossible de résister quand on les fréquente tout un hiver de quatre à six heures du soir et de neuf heures à minuit ! Salons affamés de nouvelles, de sujets à l’ordre du jour, auxquels l’ancien régime parlementaire, avec ses joutes et tournois, fournissait, toutes les quinzaines à peu près, un aliment nouveau, un nouveau train de conversation ; qui sont à jeun depuis bien des années et n’ont pour ressource que de se jeter avec rage sur ces pauvres sujets littéraires, drames ou romans, qui n’en peuvent mais ! Combien de gens, même en matière plus grave que des drames ou des romans, se flattent d’obéir à des principes et qui ne font que subir des relations de société !
Mais ce ne sont pas les salons tous seuls qui m’onts donné cette crainte de parler qui, de ma part, vous étonne ; ce sont nos confrères de la presse, les gens du métier et qui ne sont pas sujets d’ordinaire à se scandaliser pour si peu. Ils se sont mis de la partie avec une facilité incroyable. Il y avait (je ne parle que des morts) une petite revue littéraire66 très honnête, très honorablement dirigée, qui rendait des services aux jeunes auteurs dont elle accueillait les essais, et aux lecteurs qu’elle entretenait encore de poésie. Eh bien, à la longue, elle n’a pas échappé au vice littéraire le plus commun et le plus triste : l’envie, vers la fin, s’y était nichée, et, un jour, mon cher directeur, ma probité même et ma conscience d’écrivain y ont été incriminées… Pourquoi ?… Parce que j’avais parlé de Fanny. « Parmi les critiques, y disait-on, l’un des mieux avisés, non pas le plus consciencieux, mais le plus matois… » C’était moi, mon cher directeur, moi en personne, et l’aimable portrait se terminait de la sorte : « Il glorifiera Fanny, l’honnête homme ! et gardera le silence sur Les Fleurs du mal. » Il est vrai que l’auteur de cet article diffamant avait publié, vers le temps où paraissait Fanny, un petit livre anodin et assez agréable, Les Païens innocents ; j’y avais remarqué assez d’esprit, mais de celui qui cherche plutôt qu’il ne trouve, et qui est tout plein de tortillage ; et je n’en avait dit mot au public, lequel d’ailleurs s’en était peu occupé. De là, la colère de M. Babou, qui estime apparemment son nom plus fait que celui de Feydeau pour retentir au loin et pour éveiller l’écho sonore.
Et à propos des Fleurs du mal sur lesquelles l’austère critique me reproche étrangement d’avoir gardé le silence, vous savez, mon cher directeur, les raisons impérieuses qui (sans compter qu’Édouard Thierry en avait très bien parlé d’abord) nous interdisaient d’en raisonner. Baudelaire est un des plus anciens parmi ceux que j’appelle mes jeunes amis : il sait le cas que je fais de son esprit fin, de son talent habile et curieux. Si j’avais parlé de son livre, il n’aurait pas échappé toutefois aux avis, aux remontrances, aux gronderies même ; il eût essuyé tout un sermon ; il veut bien me les passer quelquefois. Je lui aurais dit : « Laissez-moi vous donner un conseil, qui surprendrait ceux qui ne vous connaissent pas : vous vous défiez trop de la passion, — de la passion naturelle ; c’est chez vous une théorie. Vous accordez trop à l’esprit, à la combinaison. Laissez-vous faire, ne craignez pas tant de sentir comme les autres, n’ayez jamais peur d’être trop commun ; vous aurez toujours assez dans votre finesse d’expression de quoi vous distinguer. » Mais je n’aurais pas affecté non plus de paraître plus prude que je ne le suis et qu’il ne convient de l’être à ceux qui ont commis, eux aussi, leurs poésies de jeunesse et qui ont lu les poètes de tous les temps ; j’aurais ajouté de grand cœur : « J’aime plus d’une pièce de votre volume ; les Tristesses de la lune, par exemple, joli sonnet qui semble de quelque poète anglais, contemporain de la jeunesse de Shakespeare. Il n’est pas jusqu’à ces stances À celle qui est trop gaie, qui ne me semblent exquises d’exécution. Pourquoi cette pièce n’est-elle pas en latin ou plutôt en grec, et comprise dans la section des Erotica de l’Anthologie ? Le savant Brunck l’aurait recueillie dans ses Analecta veterum poetarum ; le président Bouhier et La Monnoye, c’est-à-dire des hommes d’autorité et de mœurs graves (castissimae vitae, morumque integerrimorum), l’auraient commentée sans honte, et nous y mettrions le signet pour les amateurs, en nous rappelant le vers d’Horace : “Tange Chloen semel arrogantem”. » — Je lui aurais dit cela et bien d’autres choses encore, tenant compte surtout à Baudelaire, comme il en faut tenir compte à Bouilhet, comme il le faut pour un récent auteur de sonnets très distingués, Joséphin Soulary, de ce qu’ils viennent tard, quand l’école dont ils sont a déjà tant donné et tant produit, quand elle est comme épuisée, quand toutes les voix d’autrefois se taisent, hors une seule grande voix67. Ils soutiennent avec honneur, eux et quelques autres, ils décorent le déclin et le coucher de la Pléiade.
De même dans le roman, et pour plus d’une raison semblable, je me sens favorable à M. Feydeau, et je ne pense pas en cela me montrer un critique courtisan de la fortune (autre aménité qui m’a été dite et qui, de la part dont elle vient, a tout son prix à mes yeux et toute son honnêteté). Quoique je n’aie pas cru devoir parler de Daniel, quoique même, pour être franc, j’aie blâmé l’auteur d’y avoir mis l’épigraphe provoquante qu’il y avait attachée, la moralité des livres d’art étant multiple et devant être laissée au gré du lecteur, j’ai estimé que cette étude de Daniel annonçait et donnait déjà en M. Feydeau un romancier plus ferme, de bien plus de force et d’étendue que ne l’indiquait son premier ouvrage. On a été ridiculement injuste pour ce Daniel. Il a déconcerté la plupart de ceux qui s’étaient fait à l’avance une idée de l’auteur ; s’attendant à trouver en lui un érotique, ils se rencontrèrent nez à nez avec un passionné et un byronien. La composition de ce roman (car M. Feydeau compose ses livres et ne les écrit pas au fur et à mesure, par feuilletons), le style qui, avec ses défauts, est si marqué et si expressif, n’ont pas obtenu l’attention qui était due ; on n’a pas rendu justice, non seulement à de très beaux tableaux très bien exécutés, tels que l’incendie et des paysages de marine, mais à des scènes dramatiques fort vigoureuses, à celles de la falaise entre Daniel et Louise, entre Daniel et Cabâss, à la scène de la dernière partie dans laquelle Daniel, comptant n’avoir affaire qu’à sa belle-mère, rencontre chez elle tous ses ennemis réunis et en a raison un à un, s’en débarrasse successivement, les culbute et les évince, jusqu’à ce qu’il ait réduit le débat à n’être que ce qu’il devait être d’abord, un duel à deux et sans témoins. Cabâss a pu paraître excessif, Georget n’était que vrai. Le personnage du comte de Grandmont était pris sur le vif, emporté de verve, et touché avec assez de finesse pour n’avoir pas déplu, dit-on, à ceux-là mêmes qui s’y sont le mieux reconnus.
Mais il fallait bien faire payer à l’auteur son premier succès, qui avait été d’entraînement et de surprise : au reste, je ne l’en plains pas ; il est de force à soutenir la lutte, il en a besoin peut-être, et il n’est pas de ces jolis talents qui ne vivent qu’à condition d’être dorlotés. Il a eu, d’ailleurs, une récompense qui vaut mieux que tous les articles du dehors : le maître de nos romanciers, une nature féconde et généreuse, Mme Sand qui ne connaît l’auteur que par ses livres, lui en a écrit, et à diverses reprises, et des lettres pleines de sympathie, de cordialité, d’éloges et de conseils aussi, de critiques de détail discutées et motivées. Que je voudrais, mon cher directeur, pouvoir vous donner quelques extraits de ces lettres qui font tant d’honneur à tous deux, et dans lesquelles Mme Sand reconnaît et salue avec bonheur en M. Feydeau cette qualité trop rare aujourd’hui et qui est l’âme de l’artiste, une ardeur, un feu, un foyer, une volonté, l’amour du bien et du mieux dans l’art.
Mais pour Catherine d’Overmeire dont il s’agit en ce moment68, je suis tranquille sur son compte. Elle fera, ce me semble, son chemin toute seule. Après la bourrasque de Daniel, le public, et même le public des critiques, qui n’est pas inflexible, reviendra. Cette histoire, où l’on ne sent pas seulement la fidèle observation des lieux, mais où perce aussi une vérité de fond et de récit, cette histoire commencée et finie au son du merveilleux carillon de Bruges, et où se déroule toute la vie d’enfance et de jeunesse de Catherine, de cette pauvre enfant « si cruellement meurtrie et de si bonne heure », intéressera. L’aventure ne finit point trop tristement cette fois, ni par un dénouement tout heureux à la manière des romans ; elle se termine, comme il arrive le plus souvent dans la vie, par un malheur lentement consolé. Il y a de jolis et tranquilles tableaux d’intérieur, un très beau tableau en action, traité avec furie et sûreté de pinceau, celui de l’enlèvement. Le caractère des personnages principaux est fortement tracé, éclairé en plein tout d’abord, et soutenu jusqu’au bout ; le comte de Goyck, et surtout son vieux père impénitent et goutteux, sont d’une vérité à faire peur. Busterback, qui est le Georget du nouveau roman, ne manque pas non plus de ressemblance ; c’est un plat original dont il s’est vu plus d’une copie. La scène qui se passe dans le cabinet du procureur du roi à Bruxelles, et où sont réunis pour y être confrontés les principaux personnages, est d’un dramatique terrible sous sa forme judiciaire contenue. M. Feydeau ne ressemble pas à ce général de la guerre de Sept Ans qui, lorsqu’il avait ses corps d’armée réunis, ne savait qu’en faire et se hâtait de les disperser, apparemment pour être plus sûr d’être battu ; il ne craint pas d’assembler ses personnages, et, quand il les tient sous sa main, il les fait s’entrechoquer et ne les lâche plus qu’ils ne se soient dit l’un à l’autre ce qu’ils avaient sur le cœur. Une grande figure est celle du moine prédicateur renouvelé du Moyen Âge ; je sais gré à l’auteur de n’en avoir pas fait une caricature. M. Feydeau n’a pu s’approcher de l’institution catholique et l’étudier, sans en ressentir bientôt et sans en exprimer la grandeur. Le sermon prêché à Sainte-Gudule n’est pas le moins éloquent des sermons romantiques que notre âge ait entendus : la description des ruines de Babylone qui sont une preuve de Dieu, est un morceau que pourrait avouer, ce me semble, un dominicain, même académicien. Enfin, dans la dernière partie où intervient et domine la figure de l’artiste enthousiaste à la fois et un peu misanthrope, Marcel, il se révèle une qualité que la vigueur du romancier avait pu dissimuler quelquefois et qui finit par éclater à son tour ; il y a de l’esprit. L’artiste piqué au jeu s’en est donné à cœur joie et a pris gaiement sa revanche. Après Daniel, un rival disait : « Mais savez-vous ? le coquin a du talent » ; après Catherine, on pourra dire : « mais il a de l’esprit. » — Les défauts, quoique moindres, sont encore ceux des précédentes études, et je donnerai derechef pour conseil général à l’auteur : éteindre des tons trop bruyants, détendre çà et là des roideurs, assouplir, alléger sa langue dans les intervalles où le pittoresque continu n’est aucunement nécessaire ni même naturel ; se pacifier par places sans se refroidir au cœur ; garder tout son art en écrivant et s’affranchir de tout système ; — ne jamais perdre de vue que, parmi les lecteurs prévenus et à convertir, il y a aussi des malins et des délicats, et ne pas aller donner comme par un fait exprès sur les écueils qu’ils ont notés de l’œil à l’avance et où ils vous attendent.
Mais je m’oublie, et j’espère bien, mon cher directeur, que vous n’allez pas cependant vous oublier aussi, ni être assez indiscret pour me trahir.
Agréez, etc.