Séverin, Fernand (1867-1931)
[Bibliographie]
Le Lis (1892). — Le Don d’enfance (1894). — Un chant dans l’ombre (1895). — Poèmes ingénus (1899).
OPINIONS.
Albert Giraud
Le meilleur poète français de la Wallonie, le seul qui eût exprimé dans une forme classique la sensibilité de sa race et l’âme de son pays. Au sens noble du mot, un élégiaque. Les poèmes de Fernand Séverin font penser aux Champs-Élysées du chevalier Glück. De beaux vers doux et tristes y passent enlacés, comme des ombres heureuses. Cet écrivain s’est révélé maître de sa forme dans son livre de début : Le Lis. Sa seconde œuvre, Le Don d’enfance, renferme quelques-uns des plus purs et des plus doux poèmes qui aient été écrits depuis dix ans.
Albert Mockel
Un poète exquis, M. Fernand Séverin, arrivé des bords de la Meuse se fixer à Bruxelles, y modula des vers d’une enchanteresse candeur.
Edmond Pilon
Certes, comme on l’a écrit, les vers de M. Fernand Séverin font souvenir de ceux de Racine et de Shelley, de Chénier et de Keats et quelquefois de ceux de Lamartine ; mais, comme la déplorable bien que judicieuse manière de comparer une œuvre peinte à une œuvre écrite prévaut quelquefois et exprime d’une façon plus exacte les beautés qui les caractérisent, il nous semblerait donner une idée des poèmes de M. Séverin à ceux qui les ignoreraient, en les priant d’admirer les beaux dessins de Prud’hon. Comme il nous parut que cela était assez juste en soi, nous maintiendrons, à l’avantage de M. Séverin, le parallèle entre son Chant dans l’ombre et le décor de « Psyché enlevée par les Amours » et de « l’Amour au tombeau ». L’auteur du Don d’enfance a le sens délicat de l’idylle et de l’églogue ; sa forme, d’une pureté limpide, s’harmonise étroitement avec ces genres virgiliens, et il sait en tirer de mélodieuses gammes claires. On s’imaginerait volontiers, après avoir fermé son livre, se réveiller d’un beau rêve qu’on aurait fait, au crépuscule, au bord d’une source pure où, tout le temps aurait murmuré dans les roseaux une nymphe au doux langage. Certes, que Daphnis se dérobant aux bras de Chloé devait se ressouvenir de telles paroles !
De clairs paysages de nature jeune, un crépuscule sur un bois d’avril, des plaintes d’oiseaux parmi les branches, une forêt effeuillée par la brise, des processions pieuses de jeunes filles dans un lointain discret, et puis les sanglots et les joies d’une âme fraîche et calme, voilà tous les aspects qu’a présentés, à notre vue, le poète du Lis dans son récent ouvrage. Sa lyre est enguirlandée d’un laurier qui — pour n’être pas héroïque — n’en est pas moins verdoyant de candide jeunesse. Et ils sont rares, ceux-là qui savent aujourd’hui bercer notre tristesse déçue et nos luttes avides
D’un chant simple et nouveau comme le bruit des feuilles…
Georges Barral
Les trois parties des Poèmes ingénus de Fernand Séverin modulent délicieusement l’amour aux aveux chastement chuchotés et chantent harmonieusement les douces rêveries d’une âme sereine et solitaire. Dans les deux premières, l’inspiration est païenne ; dans la troisième, le sentiment chrétien domine. L’élégance et la pureté de la versification, la tendresse et la sincérité du fonds séduiront les intelligences distinguées de notre époque, beaucoup plus nombreuses qu’on le pense, et qui sont avides de beauté virginale et de radieuse sensibilité. La triple série de ces nobles poèmes (1887 à 1889) synthétise le poétique fruit de toute une jeunesse vouée au grand art.