Samain, Albert (1858-1900)
[Bibliographie]
Au jardin de l’Infante (1893). — Aux flancs du vase (1898). — Le Chariot d’or (1901).
OPINIONS.
François Coppée
M. Albert Samain est un
poète d’automne et de crépuscule, un poète de douce et morbide langueur, de noble
tristesse. On respire tout le long de son livre l’odeur faible et mélancolique, le
parfum d’adieu des chrysanthèmes à la Saint-Martin… Je crois bien que M. Albert Samain, qui a peut-être lu
mes Intimités, doit beaucoup, héréditairement, à Baudelaire, à Verlaine et à ce symphonique et
mystérieux Mallarmé que
Mendès a spirituellement
appelé un « auteur difficile »
, et qui n’en est pas moins pour
beaucoup de « jeunes » un chef d’école.
Pierre Quillard
Parmi les arbres d’un parc automnal que l’imminence de la mort pare d’une beauté touchante et solennelle, sur des eaux lentes parfumées au crépuscule de pâles roses et de violettes pales, près d’une seigneuriale demeure qui s’écroule au milieu des hautes herbes et atteste une existence dix fois séculaire par l’effondrement des majestueuses salles romanes et des étroits boudoirs, encore tendus de molles étoffes en lambeaux, là et point ailleurs, il faut se réciter d’une voix mêlait colique et fière les vers de M. Albert Samain. J’en sais peu d’aussi inquiets et d’aussi farouches, et l’approche même d’une admiration trop curieuse risquerait d’en faire brusquement cesser le chant pur et surnaturel, ainsi que s’enfuirait loin des profanes un vol de cygnes offensés.
Lucien Muhlfeld
M. Albert Samain (Au jardin de l’Infante) est plus inégal (que M. Ferdinand Hérold) avec
peut-être un sentiment plus intense. Mais, pour sûr, M. Coppée a déjà écrit :
« et c’était comme une musique qui se fane
», et M. de Heredia n’eût pas
écrit : « la mer Tyrrhénienne aux langueurs amicales »
.
Alfred Vallette
Un modeste et un fort, doué de la qualité la plus rare qui soit : l’intelligence. Un fort, parce que, pouvant acquérir de bonne heure, en publiant plusieurs milliers de très beaux vers qu’il cache, la réputation d’un bon poète, il a eu le courage de les rejeter de son œuvre et d’attendre qu’il se fût dégagé des influences directes… Âme extraordinairement vibrante, exquise voyageuse qui s’envole, frêle et rapide, vers les solitudes de l’éther, et, parvenue aux confins dont elle a l’éternelle nostalgie, défaillante à mourir devant l’atmosphère si rare, se grise et se pâme à ouïr des chants et des musiques que nul n’entendit.
Mme Tola Dorian
Le grand poète de demain ? Sans hésitation, Albert Samain, à condition qu’il tienne, les promesses de son livre superbe : Au jardin de l’Infante.
Remy de Gourmont
Quand elles savent par cœur ce qu’il y a de pur dans Verlaine, les jeunes femmes d’aujourd’hui et de demain s’en vont rêver Au jardin de l’Infante. Avec tout ce qu’il doit à l’auteur des Fêtes galantes (il lui doit moins qu’on ne pourrait croire), Albert Samain est l’un des poètes les plus originaux, et le plus charmant, et le plus délicat, et le plus suave des poètes.
A. Van Bever
Indépendamment d’une nouvelle édition d’Au jardin de l’Infante, augmentée d’une partie inédite, M. Albert Samain a publié un autre volume, Aux flancs du vase, suite de poèmes qui offrent l’aspect imagé d’habiles modelages selon le goût antique. On lui doit encore quelques rares pages semées dans des Revues, La Revue des deux mondes, Mercure de France, La Revue hebdomadaire, où furent recueillis des contes en prose fort peu connus : Xanthis ou la Vitrine sentimentale (17 décembre 1892), Divine Bontemps (11 mai 1895), Hyalis, le petit faune aux yeux bleus (20 juin 1896).