Sainte-Croix, Camille de (1859-1915)
[Bibliographie]
La Mauvaise Aventure (1885). — Contempler, roman (1887). — Mœurs littéraires (1890). — Double Mère, roman (1891). — Amours de vierges, roman (1891). — Cent contes secs (1895). — Manon Roland, avec Émile Bergerat (1896). — La Burgonde, avec Émile Bergerat et Paul Vidal (1899). — Noir, Blanc, Rose, un acte, en vers (1899). — Pantalonie, roman (1900). — Les Fiancés d’Enguelbourg, cinq actes, en vers (1900). — Le Justicier, opéra en trois actes, avec Henri Signoret, musique de Léon Honnoré (1901).
OPINIONS.
Paul Margueritte
Camille de
Sainte-Croix ne nous laisse aucun doute sur la manière dont il entend
son rôle, tout accidentel et fortuit, de polémiste. Ce n’est point pour lui une
fonction, une de ces places de jurés-experts comme l’entendent messieurs les
critiques ; il ne sent là qu’une occasion de dire, au hasard de l’actualité, ce
qu’il voit « dans les faits journaliers de la vie des lettres de
Paris »
. Il le dit vite, net et clair. Sa crânerie est faite d’élégance.
Injuste, ou plutôt extrême, comme les passionnés, au nom de la justice et pour
l’amour d’elle, il n’a rien de pédant, de nuageux, de flottant. Il sait ce qu’il
aime et ce qu’il déteste ; son patron, s’il en avait un, serait .
Henri Degron
Pantalonie est un livre merveilleux. Il me serait impossible de vous raconter en détail les multiples aventures qui se déroulent en ce livre, de vous présenter tous les personnages que M. Camille de Sainte-Croix met en scène… Port-Lazulie est une ville située sur l’un des versants du Mont-Pantalon. Tout le monde y est heureux. Le roi de la contrée est Phlemmar, centième du nom, sa femme, la délicieuse reine Crédulie, leur premier ministre, Domito… Et si vous voulez savoir comment Métapanta, fils de Gupor, président d’une république voisine, — celle de Négocie, — et mari d’Ingénie, fille du grand savant Rhadinouard, s’y prit, pour embêter les tranquilles Lazuliens, et à un tel point, que les Négociens veulent conquérir leur pays, vous n’avez qu’à lire le volume. Vous passerez les heures les plus exquises.
Ce que je puis affirmer cependant, c’est la beauté de l’œuvre de M. Camille de Sainte-Croix, œuvre dont il n’est pas difficile de dégager la portée morale, de tirer tous les enseignements possibles. Tout y est irréel, fictif, bouffon, cocasse, légendaire. D’un côté, le rêve, presque l’idéal, de l’autre, la vie malpropre, avec tous les gestes de ces pantins qui s’appellent des hommes. Livre « révolutionnaire », soit. Mais avant tout, livre pensé par un très probe artiste, conçu par un écrivain de race et d’un fier talent ; brodé de toute une adorable fantaisie. Les trouvailles ingénieuses y abondent, sans compter les drôleries les plus imprévues qui donnent l’éclat de rire, les originalités les plus exquises qui y fourmillent, l’érudition la plus parfaite mise au service de l’esprit le plus mordant, le plus incisif. Ah ! que tous les grands de la terre y sont arrangés de la belle manière ! Et comme nos mœurs contemporaines y sont traitées ainsi qu’il convient ! C’est du cravachat ridendo mores !…