(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rivoire, André (1872-1930) »
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(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rivoire, André (1872-1930) »

Rivoire, André (1872-1930)

[Bibliographie]

Les Vierges (1895). — Berthe aux grands pieds (1899). — Le Songe de l’Amour (1900).

OPINIONS.

Edmond Pilon

Son livre, Vierges, compte de beaux passages et est écrit en délicates demi-teintes et en précieux quatrains fort travaillés. Des silhouettes de jeunes filles y défilent, en pâles théories, et ce n’est pas toujours sans mélodie qu’elles y parlent avec des voix claires.

[L’Ermitage (novembre ).]

Pierre Quillard

Le Songe de l’Amour : Ce sont ici des vers de l’amour, de plusieurs amours qui n’en sont qu’un, à cause du poète qui en ressentit la joie inquiète, réticente et farouche, se donnant et se reprenant avec une égale bonne foi et une égale fierté d’indépendance ; s’il a souffert, il n’a pas fait souffrir ; et, sans être dupe outre mesure du songe qu’il s’était créé, il a voulu en perpétuer l’illusion, parce qu’elle était noble, cruelle et douce. En plein émoi sensuel, il a réservé toute une part close de sa vie :

Tes bras mystérieux ne sont pas un collier
Et notre vie à deux reste une solitude.

Puis il s’est abandonné à réfléchir sa propre douleur dans le miroir amer d’une autre âme blessée comme la sienne. Toujours entre lui et les diverses formes de femmes devinées à travers ses poèmes, un être un peu fictif s’interpose et se substitue, plus âpre et plus incertain. Il n’est point aisé de déterminer le genre de plaisir que l’on éprouve au commerce de ces poèmes très simples et très compliqués, et, sans doute, quelques strophes détachées en feront, mieux que toute paraphrase, goûter la grâce amère :

Ici, près de la porte où je t’avais suivie,
J’ai possédé longtemps ton visage anxieux.
Nous nous sommes aimés des lèvres et des yeux ;
J’ai voulu qu’un désir t’accompagne en ta vie.

Et pour être moins seul, je pense à tout cela,
Aux chers baisers qui font plus pâle ton sourire ;
Je prépare des mots que je n’ai pas su dire,
Et que je trouve en moi dès que tu n’es plus là.

Ma main, qui tremble encor de t’avoir caressée,
Parfois sent vivre en elle un contour frissonnant ;
Et dans le grand lit sombre et vide maintenant
La forme de tout corps est à peine effacée.
[Mercure de France (avril ).]