(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jacques (1880-....) »
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(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jacques (1880-....) »

Richepin, Jacques (1880-....)

[Bibliographie]

La Reine de Tyr, drame en vers (1899). — La Cavalière, drame en vers (1901).

OPINION.

A.-Ferdinand Hérold

Il semble que M. Jacques Richepin ait emprunté la Cavalière à quelque histoire espagnole, imaginaire, peut-être même réelle : Mira de Amescua, l’héroïne de la pièce, est un peu parente de cette Rosaura dont les aventures nous sont contées par Calderon dans la Vie est un songe, et aussi de cette Catalina de Erauso dont, il y a quelques années, M. José-Maria de Heredia nous fit connaître, par une merveilleuse traduction, les étranges mémoires. Cela est à la louange de M. Jacques Richepin : son drame donne l’impression d’être vraiment espagnol.

La Cavalière a les défauts des modèles que, sans doute, a choisis l’auteur. La psychologie des personnages, bien que, parfois, elle soit subtile, n’en est pas moins un peu superficielle. Mais la Cavalière a aussi les qualités de ses modèles. L’intrigue est ingénieuse, et elle est conduite avec aisance et vivacité. M. Jacques Richepin sait nous exposer clairement des situations compliquées, et nous suivons, sans peine aucune, les aventures héroïques et amoureuses de Mira, de Lorenzo, de Cristobal. La pièce ne languit pas un instant, et le mouvement y est tel, que, parfois, nous avons l’illusion de la vie. On sent que la Cavalière a été écrite avec une ardeur toute juvénile, et que l’auteur fut le premier à s’amuser de ce qu’il imaginait. Il y a, dans la Cavalière, des épisodes pittoresques habilement amenés et qui sont faits pour plaire ; et, ce qui vaut mieux encore, on y trouve, dans le second et dans le quatrième acte surtout, des scènes d’une heureuse invention, et qui sont traitées avec tact et délicatesse.

Les vers de M. Jacques Richepin ne sont pas encore très personnels, le rythme en est parfois incertain ; mais, souvent, ils sont loin d’être maladroits, et l’on pourrait citer tels couplets de la Cavalière dont la sonorité est très bonne. Et ce n’est pas nous qui blâmerons M. Jacques Richepin d’avoir, dans ses alexandrins, admis des hiatus ou ne peut plus sensés.

En somme, on est en droit, après la Cavalière, d’augurer fort bien de l’avenir dramatique de M. Jacques Richepin.

[Mercure de France (mars ).]