(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Réja, Marcel (1873-1957) »
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(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Réja, Marcel (1873-1957) »

Réja, Marcel (1873-1957)

[Bibliographie]

La Vie héroïque (1897). — Ballets et variations (1898).

OPINION.

Henry Davray

Un précédent volume, La Vie héroïque, avait révélé M. Marcel Réja comme un singulier artiste et un esprit volontaire et puissant. Les Ballets et variations qu’il vient de publier, confirmeront et accentueront encore cette opinion. Préoccupé de la signification du mouvement et des formes, M. Marcel Réja a voulu fixer la symbolique de la danse, du moins d’après sa personnelle conception.

Il faut lire ses Ballets et variations pour se rendre compte du résultat obtenu : tout geste et toute attitude a une puissance d’expression en raison de telle cadence et de tel rythme ; la danse et le ballet, rudimentaires encore, sont les moyens par lesquels peut s’exprimer la vie, toute la vie. En un Prélude, dédié en juste hommage à M. Mallarmé, M. Marcel Réja explique succinctement et clairement, sous l’apparence fictive, ce qu’il a voulu faire, et tente de guider celui qui voudra lire ses proses multiformes et somptueuses. Tout d’abord, il raconte les Sujets, qui sont les danses élémentaires, polka, valse, gavotte, menuet et pavane ; puis les Coryphées, où il démontre ses théories et en indique toutes les applications possibles ; enfin, dans les Variations et les Ballets, il développe magnifiquement ses primordiales données et fait mouvoir magiquement la vie, toute la vie. Quelques-uns, parmi ces courts chapitres, qui sont des aspects divers du Πάντα ρεῖ, atteignent une perfection rare, et chacun d’eux donne curieusement l’impression immédiate du décor fallacieux du théâtre, de l’éblouissement des verroteries et des oripeaux, de la fictive et décevante richesse des mises en scène, avec, au-delà et après, la nette perception des choses éternelles et immuables que signifient ces apparences, ces attitudes, ces gestes momentanés et incessamment changeants. Le style de M. Réja et son vocabulaire s’adaptent remarquablement à ce genre de littérature, et quand on s’y est habitué, ils aident à comprendre d’une façon définitive cette œuvre originale et considérable, pour laquelle Henri Héran a dessiné une superbe couverture.

[L’Ermitage (août ).]