Mockel, Albert (1866-1945)
[Bibliographie]
Chantefable un peu naïve, poème. — Quelques livres. — Propos de littérature (1894). — Émile Verhaeren (1895). — Stéphane Mallarmé, un héros (1899).
OPINIONS.
Albert Giraud
L’œuvre de M. Albert Mockel est dédiée à Elsa, la fiancée du chevalier au Cygne. Elle est conçue et réalisée dans des teintes blanches et liliales. L’éveil peureux d’un cœur vierge aux premiers émois de l’amour, à l’amour de l’amour, le culte enfantin et noble de « la petite Elle », la floraison puérile du printemps autour de l’éclosion printanière d’une âme, tels sont les principaux motifs sur lesquels M. Albert Mockel a jeté de fines et légères orchestrations prosodiques. Le vers de Chantefable un peu naïve s’enroule en arabesques autour de ces thèmes légers. Il s’assone et il s’allitère avec des délicatesses précieuses, que savourent les oreilles praticiennes. On dirait la chanson d’une fontaine cachée sons les feuilles. L’impression dominante, malgré quelques appels de cor, guerriers et légendaires, est l’ingénuité. Chantefable un peu naïve pourrait s’appeler : Au pays des fées.
Charles Delchevalerie
L’œuvre de M. Mockel est, avant tout, neuve. Jamais, je crois, on n’a vu un livre de début, un livre de jeune, conçu d’une façon aussi nette, aussi logique dans le fond comme dans la forme, poursuivant à travers les stades successifs de l’idée un but, culminant et lumineux, vers lequel toute page s’oriente. C’est ici le livre d’un artiste qui, connaissant toutes les formules, s’est créé lui-même la technique propre à définir son rêve et discutable seulement dans l’emploi qu’il en a fait. Et c’est dans toutes ces manières personnelles de concevoir et d’exprimer qu’il faut chercher le secret d’un charme qui, dans Chantefable un peu naïve, attire tout d’abord, le charme d’une gracile fleur inconnue.
Il faut louer hautement, aussi, avant d’aller plus avant, la pure atmosphère où l’auteur s’est tenu de la première à la dernière page. À part un passage d’un attrait trop extérieur, dans le prologue, — et sur lequel je reviendrai, — tout le livre est baigné des ondes d’une pureté presque hautaine, si elle n’était un peu naïve. Rien n’y arrive aux sens qu’à travers la pensée, rien n’y palpite que pour un triomphe d’art, tout y est essentiellement intellectuel. Un recul de légende irise et transfigure la matérialité des choses, nulle couleur n’est externe, toute clarté s’effuse avec la spiritualité d’un feu de gemme.
A.-Ferdinand Hérold
Mockel donna sa Chantefable un peu naïve, poème d’une grâce ingénue et compliquée à la fois ; la langue en est curieusement travaillée et les vers, très musicaux, y ont des sonorités expressives et des rythmes heureusement variés. Et, çà et là, s’y introduisent des sortes de chansons populaires et qui ravissent.