Magre, André (1873-1949)
[Bibliographie]
Éveils (1895). — Poèmes de la solitude (1899).
OPINIONS.
Henri Ghéon
Les Poèmes de la solitude, de M. André Magre, aussi volontairement mélancolique et intime que son frère est sonore et oratoire ; j’ai fort goûté la finesse des impressions d’enfance.
Louis Raymond
La poésie d’André Magre est toute de délicatesse et de grâce mélancolique. Une enfance, une adolescence, les premières joies et les premières tristesses de la Chair, décrites en de successifs états d’âmes, d’une subtilité d’analyse et d’un art infinis, tel est ce livre d’où se dégagé un charme enveloppant et profondément émouvant, parce qu’il est fait de sincérité et que l’on sent, par-delà les musiques charmeuses des mots, passer un intense frisson de vie.
Je voudrais pouvoir citer plusieurs de ces pages exquises qu’il faut lire et aimer et dans lesquelles nous retrouvons tous un peu de nous-mêmes, car elles sont, fixées par un Véritable poète, les minutes fugitives d’amour, de souffrances et de joies de nos enfances et de nos vingt ans, aujourd’hui déjà devenus de lointains passés. J’ai beaucoup aimé les poèmes d’André Magre, je les ai souvent relus et, dans ma mémoire, le livre fermé, chantent encore ces strophes d’une si délicieuse mélancolie :
Tu viens, je te connais, ne me dis pas ton nom ;
L’ombre est chaude, il fait bon rêver de mois de femme.
Tu mentirais à me parler, vois-tu. Prenons
Tout ce silence et tout ce rêve pour notre âme.
L’air de ce soir, amie, est étrangement doux.
Je n’ai pas vu tes yeux, je n’ai pas vu ta bouche ;
N’allume pas la lampe au moins, il serait fou
De ne plus te trouver alors que je te touche.