(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lebrun, Pierre (1785-1873) »
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(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lebrun, Pierre (1785-1873) »

Lebrun, Pierre (1785-1873)

[Bibliographie]

Coriolan, tragédie (1797). — Jeanne d’Arc, Ulysse (1814). — Marie-Stuart, tragédie (1820). — Pallas (1822). — Le Cid d’Andalousie (1825). — Voyage en Grèce, poèmes (1828). — Œuvres complètes (1844).

OPINIONS.

Bernard Jullien

M. Lebrun a fait, en 1820, 1821,1 822, des odes sur Olympie, sur Ithaque, qu’il venait de parcourir. Il a fait un poème lyrique assez long, et divisé en douze paragraphes sur la mort de Napoléon ; on n’y peut guère trouver que des lieux communs sur cette grande gloire évanouie, sur cette puissance éteinte, sur cette monarchie exilée. Ç’a été l’écueil de presque tous les poètes qui se sont exercés sur ce sujet ; ils n’ont trouvé à dire que ce que tout le monde aurait dit comme eux.

[Histoire de la poésie à l’époque impériale ().]

Sainte-Beuve

On aurait tort de ne voir en M. Lebrun qu’un homme de lettres et un homme de talent s’essayant avec art, avec étude, avec élégance, à des productions estimables et de transition. Il est bien, en effet, un poète de transition et de l’époque intermédiaire, en ce sens qu’il unit en lui plus d’un ton de l’ancienne école et déjà de la nouvelle ; mais, ce que je prétends, c’est que ce n’est nullement par un procédé d’imitation ou par un goût de fusion qu’il nous offre de tels produits de son talent, car il est, il a été poète, sincèrement poète, de son cru et pour son propre compte ; il en porte la marque, le signe, au cœur et au front : il a la verve.

[Causeries du lundi ().]

Théophile Gautier

Un poète qui, dès sa jeunesse avait pris un rôle élevé, un rôle de précurseur, et qui a su introduire du naturel et de la fraîcheur dans une poésie qui jusque-là semblait trop craindre ces mêmes qualités, l’auteur du Cid d’Andalousie et du Poème de la Grèce, M. Lebrun, en publiant en 1858 une édition complète de ses œuvres, nous a montré, par quelques pièces de vers charmantes, que, dès l’époque du premier Empire, il y avait bien des élans et des essors vers ces heureuses oasis de poésie qu’on a découvertes depuis et qu’il a été des premiers à pressentir, comme les navigateurs devinent les terres prochaines au souffle odorant des brises..

[Rapport sur les progrès des lettres et des sciences, par MM. Sylvestre de Sacy, Paul Féval et Th. Gautier ().]

Édouard Fournier

Il échapperait à notre temps, s’il était resté ce que son âge, — il naquit en 1785, — voulait qu’il fût d’abord : un arrière-classique, un poète de l’Empire, rimant des Odes sur la Guerre de Prusse, sur la Campagne de 1807 et des tragédies telles qu’Ulysse et Pallas, fils d’Évandre ; mais il lui appartient, par la part qu’il prit au mouvement rénovateur, avec sa pièce de Marie Stuart assez fièrement imitée de celle de Schiller et surtout avec son brillant Voyage en Grèce, l’œuvre la plus sincère, la plus vraie de couleur et la plus éclatante qui ait été inspirée chez nous par la guerre des Hellènes.

[Souvenirs poétiques de l’école romantique ().]

Alexandre Dumas fils

Pierre Lebrun fut, en littérature, ce qu’on appelle un homme de transition, la fin d’une phase et le commencement d’une autre.

[Discours de réception à l’Académie française, 11 février .]

Eugène Lintilhac

Parmi les lyriques, nous retrouvons l’inévitable Lebrun-Pindare qui se survit ; son homonyme Pierre Lebrun, beaucoup plus sincère, qui, dans ses odes (Au Vaisseau de l’Angleterre, Sur la Grande Armée, À Jeanne d’Arc, Sur la Grèce, etc…), se montre un précurseur direct, quoique trop sage de Béranger et de Victor Hugo… Mais quels émules il eut en son temps ! Pour mesurer le vide de cette poésie officielle, le faux goût de ces oripeaux mythologiques du Style Empire, qu’on aille méditer cette chute d’une strophe du temps, en face du bas-relief de l’Arc-de-Triomphe où Napoléon est si lourdement couronné :

Et qui pourra prêter, pour tracer ton histoire,

Une plume à Clio ? — L’aile de la victoire !

[Précis historique et critique de la littérature française ().]