Le Braz, Anatole (1859-1926)
[Bibliographie]
Rancœurs (1892). — La Chanson de la Bretagne (1892). — La Légende de la mort en Basse-Bretagne (1893). — Au pays des pardons (1895). — Pâques d’Islande (1897). — Vieilles histoires (1897).
OPINION.
Gaston Deschamps
Quand la Chanson de Bretagne, de M. Anatole Le Braz, fut entendue à Paris, malgré le brouhaha de nos cohues, je sais des gens qui ont dit :
Enfin ! voici des vers qui sont d’un poète, d’un poète authentique, de quelqu’un dont l’âme est pieuse, douce, émue, voltigeante et chantante, prompte à la joie et prompte aux larmes, de quelqu’un qui ne ressemble pas aux autres hommes, qui n’est pas raisonnable, pratique, morose, ambitieux, qui va son chemin, loin des sentiers battus, vers des sommets bleus, aperçus en rêve dans une auréole de brumes dorées. Connaissez-vous M. Anatole Le Braz ? Non. Non. Ni moi non plus. Il ne fait point partie du « Tout-Paris »… son petit livre a été imprimé en province, chez l’honnête Hyacinthe Caillière, place du Palais, à Rennes. L’auteur doit être, comme son livre et son éditeur, un brave homme de provincial ; ses manières doivent être simples et ses mœurs pures… Est-il besoin d’ajouter qu’il n’appartient à aucune école, à aucune coterie de gens de lettres ? Il est simplement un poète. C’est pourquoi je me permets, sans avoir la prétention de vouloir inscrire son nom au temple de Mémoire, de le recommander tout spécialement à ceux qui sont las d’errer au bord de ces marécages de vers boiteux et de proses rampantes, qui coassent incessamment : Moi ! Moi ! Moi ! à ceux qui veulent être délivrés de cette obsession par la voix d’un chanteur dont les mélodies ont la vertu d’endormir les soucis et d’apaiser le cœur souffrant des hommes. Le Braz a écouté la voix plaintive des Celtes morts, de la Bretagne agonisante ; il a voulu nous conter les douces et amères confidences qu’il a recueillies, le soir, quand le bruit du siècle se taisait, près des calvaires désolés de Trégastel et de Ploumanac’h.