Lacroix, Jules (1809-1887)
[Bibliographie]
Traduction en vers des Œuvres de Juvénal (1840). — Les Pervenches, poésies (1846). — Œdipe-Roi, traduction (1862). — Macbeth, traduction (1877).
OPINIONS.
Francisque Sarcey
Il est de mode aujourd’hui d’adorer Shakespeare comme une sorte de majestueux fétiche, et Victor Hugo a donné le ton en disant qu’il admirait tout comme une brute. Il faut pourtant bien convenir que, parmi ces pièces, un très grand nombre ne sont supportables qu’à la lecture, et que, même parmi celles qui peuvent être le plus aisé-meut transportées sur la scène, bien des parties nous étonnent et nous choquent. J’avoue que le Roi Lear me semble être une de celles qui étaient le moins faites pour être représentées… Remercions M. Jules Lacroix de nous avoir rendu possible, on les transportant au théâtre, les belles scènes du Roi Lear. Sa traduction est sobre et colorée ; levers marche d’une allure mâle et simple…
Maurice Talmeyr
Macbeth : Le traducteur M. Jules Lacroix n’en avait rien adouci, rien atténué, rien éteint par le badigeon académique ; lui aussi « démuselait Shakespeare ». Le public, tantôt respectueux, tantôt enthousiaste, tantôt anéanti, écouta, acclama et contempla le colossal chef-d’œuvre où l’échevèlement de la fantaisie apparaît dans les profondeurs les plus sévères de la philosophie, où la nature est aussi humaine que l’homme, la mort aussi vivante que la vie.
Anonyme
S’il manque de souplesse et de couleur, il possède, par contre, de réelles qualités d’énergie. Bien que généralement d’une tonalité grise, il est parfois sombre et sculptural dans son vers, comme Mérimée dans sa prose.
Jean-Jacques Weiss
L’éloge de la traduction de M. Jules Lacroix n’est plus à faire. M. Jules Lacroix a serré le texte de Sophocle d’aussi près que le permettaient la nature de l’alexandrin français et les exigences de la rime. S’il a, çà et là, atténué ou exagéré la pensée de Sophocle, c’est la faute de notre prosodie trop raide et de notre vocabulaire trop maigre ; ce n’est pas la sienne. M. Jules Lacroix n’a pas la sobriété de Sophocle : il lui a dérobé quelque chose de sa munificence. Il a traduit notamment les chœurs dans une langue aussi riche et aussi colorée qu’elle est fidèle ; M. Lacroix s’est tiré à sa gloire de ces chœurs, semés de tant d’écueils, et à son honneur de tout le reste.