Karr, Alphonse (1808-1890)
[Bibliographie]
Sous les tilleuls (1832). — Une heure trop tard (1833). — Fa dièse (1834). — Vendredi soir (1835). — Le Chemin le plus court (1836). — Geneviève (1838). — Les Paysans illustres (1838). — Civerley (1838). — Clotilde (1839). — Les Guêpes (1839-1849). — Am. Raucher (1842). — Hortense (1842). — Feu Breissier (1844). — Geneviève (1845). — Voyage autour de mon jardin (1845). — La Famille Alain (1848). — Clovis Gosselin (1851). — Les Fées de la mer (1851). — Contes et nouvelles (1852). — Midi à quatorze heures (1852). — Pour ne pas être treize (1852). — Une vérité par semaine (1852). — Agathe et Cécile (1853). — Devant les tisons (1853). — Les Femmes (1853). — Nouvelles Guêpes (1853-1855). — Une poignée de vérités (1853). — Proverbes (1853). — Soirées de Sainte-Adresse (1853). — Histoire d’un pion (1854). — Un homme fort en théorie (1854). — Dictionnaire du pêcheur (1855). — La Main du diable (1855). — La Pénélope normande (1855). — Les Animaux nuisibles (1856). — Histoires normandes (1856). — Lettres de mon jardin (1856). — Promenades hors de mon jardin (1856). — Rose et Jean (1857). — Encore les femmes (1858). — Menus propos (1859). — Roses noires et blanches (1859). — Sous les orangers (1859). — En fumant (1861). — Les Pleurs (1861). — Trois cents pages (1861). — De loin et de près (1862). — Sur la plage (1862). — Sur la peine de mort (1864). — Les Roses jaunes, un acte en vers (1867). — L’Auberge de la vie (1869). — Les Dents du Dragon (1869). — Les Gaietés romaines (1870). — La Maison close (1871). — La Queue d’or (1872). — Promenades au bord de la mer (1874). — La promenade des Anglais (1874). — Le Credo du jardinier (1875). — Dieu et Diable (1875). — Plus ça change… plus c’est la même chose (1875). — L’Art d’être heureux (1876). — L’Art d’être malheureux (1876). — On demande un tyran (1876). — L’Esprit d’Alphonse Karr (1877). — Notes d’un casanier (1877). — Bourdonnements (1880). — Grain de bon sens (1880). — Pendant la pluie (1880). — À l’encre verte (1881). — Les Cailloux blancs (1881). — Les points sur les I (1882). — Sous les pommiers (1882). — À bas les masques (1883). — Dans la lune (1883). — Au soleil (1883). — La Soupe au caillou (1884). — Messieurs les assassins (1885). — Le règne des champignons (1885). — Roses et chardons (1886). — Le Pot aux roses (1887). — Les Bêtes à bon Dieu (1889). — Neline (1890). — La Maison de l’ogre (1890).
OPINIONS.
Sainte-Beuve
Je concevrais plutôt encore une indignation réelle, sincère, ardente, souvent
injuste, une vraie Némésis ; mais ces guêpes, si acérées
qu’elles soient d’esprit, pourtant sans passion aucune, ces guêpes-là ne peuvent
aller longtemps sans se manquer à elles-mêmes. Comme tous les recueils
d’épigrammes, mais des meilleures, les Guêpes de M. Karr n’échappent pas à
l’épigraphe de Martial :
« Sunt bona, sunt quaedam mediocria »
, etc. ; il suffit qu’il y
en ait de forts piquants, en effet, et que l’auteur y fasse preuve en courant
d’une grande science ironique des choses. On voudrait voir tant d’esprit et
d’observation employé à d’autres fins. Et puis il y a fort à craindre que ces Guêpes ne pullulent ; on parle déjà d’imitations ; allons ! le Charivari ne suffisait pas ; nous aurons mouches et cousins par
nuées.
Alphonse de Lamartine
Théodore de Banville
Tel que je l’ai vu à Nice, il y a peu d’années encore, sous le noir plafond des rosiers qui s’étendait devant sa maison, quel visage spirituel et robuste, tourmenté dans le calme, exprimant bien la force herculéenne de celui sur lequel la Sottise a toujours compté pour tuer les monstres de ses marais et pour nettoyer ses étables, en y faisant passer un furieux fleuve de bon sens, qui emporte tout dans son flot rapide et sonore ! Le large front si ferme et hardi, sans bosses vides ! bien découvert aux extrémités sous une chevelure drue, noire comme l’Érèbe et tondue de près, les yeux non démesurément ouverts, mais lumineux, sagaces, avec une étincelle de flamme et bien abrités sous leurs sourcils presque droits, le nez osseux, torturé, à l’arête large, aux narines coupées très hardiment, et s’enflant un peu au bout comme celui des grands penseurs, les joues solides, halées par le soleil et le vent de la mer, accusaient une énergie invincible, et la bouche ironique, bienveillante, sensuelle, aux lèvres pourprées, éclatait de vie dans une longue barbe ondoyante et tortueuse comme celle de Clément Marot. Ensemble heureusement accompagné par la cravate de soie blanche qui entoure son cou, et par la veste de velours noir qui habille son corps d’athlète. Plus vrai encore fut l’Alphonse Karr de la première jeunesse, maigre, nerveux, vétu d’une blanche robe de moine, irrité par le spectacle de la Bêtise humaine, et ne portant alors qu’une légère et noire moustache de Scaramouche, qui semblait ponctuer la poésie de son génie railleur, venu en droite ligne d’Aristophane. Aujourd’hui, après qu’il a neigé sur ce chêne formidable, Alphonse Karr ressemble au Pape des Sages, car sa très longue barbe, qu’il porte en éventail, est devenue blanche comme le plumage d’un cygne, et sur son visage quelques chères rides sont les coups de griffe que lui donne, en s’enfuyant, l’insaisissable chimère !
Pierre Larousse
Sous les tilleuls eut un véritable succès. Ce premier ouvrage était originairement un poème ; bien conseillé, Alphonse Karr convertit des vers en prose et renonça dès lors à la poésie.