Jouy, Jules (1855-1897)
[Bibliographie]
Les Chansons de l’année (1888). — Les Chansons de bataille (1889). — La Chanson des joujoux (1889). — Les Refrains du Chat-Noir.
OPINIONS.
Philippe Gille
Je ne parlerai que d’un chansonnier, mais d’un chansonnier de race, de M. Jules Jouy, dont les succès ont commencé dans cette officine artistique qui s’appelle le petit théâtre de la rue Victor-Massé, et qui a produit les Caran d’Ache, Willette, Mac-Nab, Oscar Méténier et tant d’autres que le Chat-Noir revendique justement comme ses nourrissons.
M. Jules Jouy a beau dire dans un refrain :
Les vieux, les vieux,Sont très ennuyeux,Qu’ils s’aiment entre eux !À bas les vieux !
il est de leur race, car ces vieux s’appellent Désaugiers, Béranger, Charles Gille, Pierre Dupont, Darcier, et j’ajoute : . Comme eux, il a le trait ; comme eux, il est Français, éloquent, homme d’esprit, patriote et poète. Peut-être sa muse a-t-elle un peu trop sacrifié à la politique et l’accusera-t-on d’aller un tantinet vers les mécontents quand même, mais elle sait être variée et prendre ses impressions un peu partout. Le recueil intitulé : Les Chansons de l’année, est une sorte de journal chanté, où chaque sottise publique et privée est lestement rimée… Bien d’autres que M. Jules Jouy ont rimé depuis nombre d’années ; mais j’ai dû le signaler comme celui qui, aujourd’hui que tout le monde a un peu ou beaucoup de talent, a apporté la seule chose rare, une note personnelle, qu’il s’agisse de « grand art » ou de chansons.
Anatole France
M. Jules Jouy est presque populaire. Et c’est justice ; il a l’ardeur, l’entrain, et, dans une langue très mêlée, de l’esprit et du trait. Je ne l’aime pas beaucoup quand il vise au sublime. Mais il est excellent dans l’ironie. Rappelez-vous la Perquisition et les Manifestations boulangistes, sur l’air de la Légende de Saint-Nicolas.
Jules Claretie
Jules Jouy, c’est le satirique, le rimeur de chansons sociales, faisant de son refrain une fronde et de chaque couplet comme un pavé de barricade…