Guigou, Paul (1865-1896)
[Bibliographie]
Interrupta (1890).
OPINIONS.
François Coppée
Chez le vrai poète, on trouve, harmonieusement fondues, l’imagination de l’homme, la sensibilité de la femme et la candeur de l’enfant. La nature avait donné à Paul Guigou ce triple trésor. Aussi, quand il surmontait sa timidité et chassait sa vague tristesse de malade, inventait-il à chaque instant des paroles tour à tour enthousiastes, tendres et ingénues, qui donnaient à son entretien un charme extrême. On retrouvera sans doute quelque chose de ce charme dans les pages de prose si délicate et dans les exquis poèmes qu’il a laissés. On y admirera de hautes et mélancoliques pensées, de douces effusions du cœur, un noble et pur souci de l’art et, parfois, une ironie pleine de grâce et de légèreté.
Paul Souchon
Poète, Paul Guigou appartiendrait à ce mouvement assez marqué qui sert de transition entre le Parnasse et le Symbolisme. Sa poésie tient encore à la poésie parnassienne pour sa forme et son souci plastique, mais elle est pénétrée d’intentions nouvelles et plus humaines. Le ton, chez Guigou, est toujours grave et profond. Il correspond à ce que nous avons de meilleur en nous : l’émotion de l’homme devant l’homme. Parfois, un certain sentiment religieux agrandit cette émotion et la verse sur le monde. Guigou avait du mystique en lui, et les plus lointaines significations des mythes ne lui étaient pas inconnues. Telles de ses pièces contiennent le frisson même qui devait agiter le païen antique devant la lumière du jour, et qui agite le chrétien moderne devant l’inconnu de son âme.