Goudeau, Émile (1849-1906)
[Bibliographie]
Fleurs du bitume (1878). — Poèmes ironiques (1884). — La Revanche des bêtes (1881). — Chansons de Paris et d’ailleurs (1896). — Poèmes parisiens : Fleurs du bitume, Ciels de, lit, Vache enragée, Fins dernières, La Vie fâchée, etc. (1897). — La Graine humaine (1899).
OPINIONS.
Alphonse Lemerre
Après avoir publié ses poésies dans plusieurs journaux, M. Goudeau les a réunies en trois volumes intitulés : Fleurs du bitume, Poèmes ironiques et la Revanche des bêtes. Elles se distinguent toutes par une saveur originale et une grande franchise d’impression.
François Coppée
Dans la retraite où je travaille, mon cher Goudeau, votre nouveau livre de vers, Chansons de Paris et d’ailleurs, m’apporte une bouffée des parfums de la grande ville et me transporte en imagination sur le boulevard Montmartre, par un après-midi ensoleillé, quand quelques consommateurs peu frileux s’installent aux terrasses des cafés, quand la fleuriste tortille ses bouquets près du kiosque et que l’atmosphère humide et tiède de l’avant-printemps sent l’absinthe et les violettes. Je viens de vous lire et j’en suis tout ragaillardi, car — rare exception chez nos contemporains — vous êtes un poète gai. Votre muse vous amuse — et nous amuse. Français de France, vous avez le rire clair de la race. « Violoncelles, fifres, mandolines », tels sont les titres des trois parties de votre ouvrage ; et j’ai fort bien entendu, en effet, votre viola di gamba gémir sa mélancolie et votre guitare bourdonner sous nos chansons d’amour. Mais le fifre est votre instrument de prédilection. Quand les pelotons de votre strophe défilent en grande tenue de parade, je l’entends toujours le fifre aigu, là-bas, en tête du régiment :
Le fifre siffle, siffle le fifre,
comme vous dites dans une gentille onomatopée ; et voici que je me souviens aussi du curieux vers de Victor Hugo :
Les dentelles de son que le fifre découpe.
Oh ! comme vous avez raison de jouer du fifre, mon cher Goudeau. C’est la gaîté de l’armée en marche, et son sifflet court sur les baïonnettes comme un chant de pinsons sur les épis.
Jean de Mitty
Goudeau avait fondé les Hydropathes, cette réunion de poètes qui marque une date amusante dans les annales de l’art contemporain, et fait partie du premier Chat-Noir, ce milieu fécond qui fut, pour beaucoup, le tremplin de la célébrité.
Mais il y a mieux : il y a l’effort personnel d’Émile Goudeau, son labeur d’écrivain, sa pensée de poète. Il y a ses livres, où apparaît un esprit si divers et si complexe, souple et railleur, à la fois ironique et tendre, et original, parisien, délicat et frondeur, épris de fantaisie et de rêves bleus. Ce sont les Fleurs du bitume, les Poèmes ironiques, les Chansons de Paris et d’ailleurs, Corruptrice, le Froc, la Vache enragée, tant d’autres encore, jusqu’au livre qui s’appelle la Graine humaine, paru, ces jours récents, en librairie.
Je veux dire les qualités certaines, l’honnête tenue littéraire, l’émotion de bel aloi que dégagent ces pages où Goudeau a mis le meilleur de son beau talent de conteur.
Je retrouve, dans la Graine humaine, la verve robuste, l’art léger et sain, et l’imagination souriante qui constituent la physionomie littéraire de Goudeau et lui assignent une des places en vue parmi les écrivains de tradition française.