Gilkin, Iwan (1858-1924)
[Bibliographie]
Stances dorées (1893). — La Nuit (1898). — Le Cerisier fleuri (1899). — Prométhée, poème dramatique (1899).
OPINIONS.
Valère Gille
Un Raphaël noir, a-t-on pu dire. Nul n’a mieux que lui incarné la lutte du bien et du mal, des ténèbres et de la clarté, de la laideur et de la beauté. Le poète de la douleur, le porte-croix d’un monde vieillissant et maudit. Un cerveau de mathématicien et une âme de prophète. Au fond, un croyant révolté et un justicier terrible.
Pierre Quillard
La connaissance plus précise de la magie, la foi sincère au catholicisme ésotérique ne suffisent pas toujours à distinguer nettement des canons baudelairiens les poèmes de M. Iwan Gilkin. Toutefois, par quelques pièces vraiment belles, on peut présumer qu’il s’affranchira selon son désir… M. Iwan Gilkin mérite toujours l’estime pour sa probe intransigeance et l’applaudissement quelquefois, ayant écrit, entre autres, Arbre de Jessé, Le Banquet et Roses saintes, trois morceaux de pleine et de parfaite enrythmie.
J.-K. Huysmans
Je viens de lire les hymnes infernaux de votre Nuit. Le livre contient vraiment des pièces de premier ordre, des sonnets d’une forme impérieuse, impeccable, comme personne maintenant n’est de taille à en faire. L’Amitié est magnifique à ce point de vue, et Le Mauvais Jardinier, Le Mensonge donnent la joie des choses décisives, pour jamais stables.
Puis il en est un d’idée réellement charmante, très neuve, et tissée si joliment. Je veux parler de ce délicieux Dessert de fruits, une véritable trouvaille. Mais il faudrait citer aussi les grandes et sombres pièces, telles que l’Eritis sicut Dii, toute l’offrande empoisonnée de ce satanium brûlant.
Georges Barral
Le plus brillant, le plus puissant des poètes contemporains de langue française. J’ai nommé l’auteur de la Nuit , du Cerisier fleuri, de Prométhée.
Paul Laur
La Nuit, d’Iwan
Gilkin, est la première partie d’une trilogie. L’auteur
« avoue en tremblant — dans un court avertissement — qu’il tente
d’accomplir sur un plan lyrique le sublime pèlerinage de l’Enfer, du Purgatoire
et du Paradis »
. Et le voilà en route. Sa Nuit : c’est l’Enfer. Il nous
donnera plus tard les deux compléments. Nous souhaitons que cela soit bien vite.
Iwan Gilkin, par la forme,
est parnassien ; par la conception, il procède évidemment de Baudelaire, mais avec plus
d’étendue, plus d’humanité, moins d’aigreur. Il est surtout lui
pour la pensée. La forme est impeccable ; le vers est ample, harmonieux, solide.
Il y en a de magnifiques… La Nuit est une œuvre faite pour ceux
qui voient douloureusement fuir l’ombre du temps, l’incertitude des choses, et
qui, lassés, exhalent la colère de leur mélancolie en des songes et des harmonies
où perce un oubli des peines passées conduisant à un besoin de repos dans
l’obscurité, dans le silence, dans la mort.
Et, contraste charmant, ne voilà-t-il pas que, peu après, ce chantre sombre et tragique — pour nous reposer sans doute — nous apporte un recueil de vers si joliment baptisé Le Cerisier fleuri ! Tout le livre célèbre, dans la forme la plus ravissante, les pensées d’amour et de joie, rimées en français sur le mode anacréontique.