Ghéon, Henri (1875-1944)
[Bibliographie]
La Chanson d’aube (1897). — La Solitude de l’été (1898).
OPINIONS.
Charles Guérin
M. Ghéon fait revivre en nous une foule de menues impressions quotidiennes que le souffle brutal des passions et de la douleur disperse, hélas ! à l’oubli. Et c’est pourquoi son livre, Chansons d’aube, est délicieux.
Tristan Klingsor
M. Henri Ghéon est naturiste comme le fut M. Francis Jammes, comme l’est M. Jean Viollis, délicieusement.
André Theuriet
M. Henri Ghéon est un amoureux de la nature, un poète qui sait bien voir et souvent bien rendre les féeries et les enchantements des prés et des bois… Dans ce livre, qui fleure bon la terre et l’herbe fauchée, on ne regrette qu’un métier plus habile et une musique moins élémentaire.
Pierre Quillard
La Solitude de l’été : M. Henri Ghéon est l’un de ces poètes qui retournent ou prétendent retourner à la nature, et s’il mène à bien la série qu’il a commencée, il aura composé avec une méthode presque didactique quelque chose comme des Géorgiques françaises. L’ambition est haute et périlleuse. On risque de voir la terre et la campagne d’après les livres, à travers Virgile et Lamartine, et de composer des paysages Actifs trop semblables à ceux qu’ils décrivirent.
Il paraît vraiment, et par ces citations mêmes, que l’âge du didactisme soit clos à jamais ; c’est une conception contradictoire que de prétendre en même temps à l’exactitude scientifique et à la beauté pittoresque qui est d’un autre ordre.
Je ne sais pas si André Chénier eût jamais achevé son grand poème dont quelques vers isolés sont exquis, et M. Sully Prudhomme échoua, malgré la haute noblesse de son esprit, dans une tentative semblable.
M. Henri Ghéon, d’ailleurs, ne sacrifie que rarement par excessif désir de simplicité à la sécheresse des nomenclatures descriptives. Il a vu le monde avec des yeux ingénus et avertis à la fois ; il sait les transformations des choses, la grande loi des pourritures renaissant en des êtres nouveaux (cf. Le Dépotoir, l’un des plus beaux poèmes du livre, trop long pour être cité en entier, et trop homogène pour qu’on en détache un fragment) ; mais il note aussi, comme le doit faire tout bon poète, les apparences fugaces des objets et des hommes, et les similitudes qui ne sont pas perçues dès l’abord.
André Gide
En Ghéon, aucune tristesse : c’est une âme de cristal et d’or, pleine de sonorités merveilleuses. Tout ce qui la touche y retentit ; rien ne la laisse indifférente ; pourtant, à travers tout, elle reste la même. Tout l’émeut et rien ne la trouble ; le monde se revoit en elle dans une charmante, vibrante et souriante harmonie. Aucune intervention encore ; sa poésie n’est que le récit d’un reflet…