Faramond, Maurice de (1862-1923)
[Bibliographie]
Quintessences (1886). — Le Livre des Odes (1897). — La Noblesse de la Terre, théâtre (1899). — Monsieur Bonnet, théâtre (1900).
OPINIONS.
Gustave Kahn
Vers solides et concis, ambition de plastique élégante et sobre, avec beaucoup de modernisme à manier les masques antiques. M. Maurice de Faramond est certainement un poète intéressant ; il a, ce qui est la plus belle qualité du poète, une note personnelle, et cela nous promet, de sa part, un curieux développement.
Pierre Quillard
Vers l’époque où MM. Paul Adam et Jean Moréas collaboraient au Thé chez Miranda, M. Maurice de Faramond publiait Quintessences. Depuis, il s’était tu, et de nouveau chantant le Livre des Odes, il est resté assez fidèle à l’esthétique que préconisèrent ces deux écrivains et qui était la sienne dès lors… En vingt poèmes, M. Maurice de Faramond s’est plu à créer, diverses et semblables, des personnes légendaires qui expriment, sous forme de déclamation sentimentale, les aventures pathétiques de la vie… Le charme de leurs propos est singulier, inattendu et déconcertant…
Henri Ghéon
Certes, la Noblesse de la Terre et Monsieur Bonnet diffèrent assez pour mériter deux études distinctes. Mais, en dépit de l’apparence, une esthétique unique les régit, modifiée de l’un à l’autre drame, et complétée. Et c’est elle qu’il s’agit avant tout de discerner, en rapprochant attentivement les traits épars.
En principe, antérieurement à toute préoccupation artistique, M. de Faramond prétendit évoquer des « hommes ». Il ne se passionna point à l’étude exclusive d’un ou deux caractères, au rigoureux développement d’un seul conflit. Il vit dans la modernité non simplement un cadre, mais presque un personnage — en tout cas un élément tragique essentiel. Il conçut l’humanité sociable, sociale, formée et menée par le milieu. Et il peignit non des hommes, mais des « groupes d’hommes », famille, ferme, village, ville. Il assumait ainsi un art de groupement et d’harmonie — non de ligne et de déduction. En cela consiste son originalité fondamentale.
Les personnages de M. de Faramond sont viables. Il n’en fit point des entités, ni des héros. Il composa leur figure avec une âpre précision, un soin minutieux, un lyrisme ardent. Tous les traits psychologiques, tous les tics, tous les gestes furent par lui scrupuleusement choisis, pour particulariser des êtres dont nul ne ressemblât aux autres. Il leur donna une apparence et une intimité, et aussi une sorte d’ardeur vitale, puisée à chaque instant dans ce qui les entoure. La terre, un jour, parla par eux. Et ce jour-là, on salua un sens neuf du dialogue, précis, coloré, raccourci.
Au reste, les personnages de la Noblesse de la Terre ne faisaient que vivre, sans plus. Lo poète nous les montra dans leurs occupations quotidiennes, dans leurs ordinaires joies, dans leurs naturelles douleurs. Ce fut moins une pièce qu’une série de tableaux d’une réalité si simple et si profonde que, dépassant le réalisme, ils atteignaient à l’épique parfois…
Et voici que Monsieur Bonnet, œuvre plus aboutie dans deux actes au moins, de tenue verbale presque parfaite, — sans de ces accrocs ingénus qui avaient pu susciter des rires, naguère, — se diminue du même fait : l’abstraction. Cette fois, Maurice de Faramond, sans cependant renoncer à son esthétique « harmoniste », voulut « construire ». Chaque acte évoquant un milieu existerait en soi, mais fortement uni aux autres. Une trame motiverait les groupements, éclairerait les caractères, développés, non plus seulement présentés. Union de la forme scénique traditionnelle à la conception novatrice. Belle tentative, difficile, périlleuse. Mais M. de Faramond est un audacieux.