Breton, Jules (1827-1906)
[Bibliographie]
Les Champs et la Mer (1887). — Jeanne (1887). — La Vie d’un artiste, art et nature (1890). — Un peintre paysan, souvenirs et impressions (1895).
OPINIONS.
Julia A. Daudet
À une époque où les littérateurs se préoccupent tellement de l’art de peindre qu’ils lui empruntent des procédés, des termes particuliers, il est curieux de voir les peintres entrer dans le domaine de la poésie avec cet éternel souci de la couleur qui peut leur devenir en littérature une qualité ou un écueil. Disons, tout de suite, que c’est le plus grand charme du livre de M. Jules Breton : Les Champs et la Mer. On ressent, à le feuilleter, une impression complexe, et il y a certaines de ses pièces formant si bien tableau, qu’on s’arrête pour laisser passer l’image ; il faut lire les Glaneuses, les Deux Croix et le poème du Pardon : un long défilé de costumes bretons, de mendiants bariolés, de bannières flottant comme des petites voiles sur cet horizon de mer qui sert de fond à toutes les fêtes bretonnes, apparaît écumant ou calme, uni ou blanchissant, entre les menhirs gigantesques, les vieilles églises romanes, comme la poésie éternelle et l’éternelle menace de la nature.
En somme, voilà une œuvre sincère, imprégnée d’art et de vie et qui renferme suffisamment l’élément philosophique réclamé de toute œuvre moderne.
Gustave Larroumet
Il n’est venu qu’assez tard à la poésie : « J’ai longtemps ignoré, dit-il,
le poète qu’absorbait en moi l’opiniâtre travail du peintre. »
Il
adorait la poésie, il lisait avec enthousiasme : « La Fontaine, Racine, H. Heine, V. Hugo », puis la pléiade des
Parnassiens ; mais il ne faisait que de rares tentatives sur un domaine qui lui
semblait gardé par d’insurmontables difficultés. Il exposait depuis plus de trente
ans, lorsqu’il publia son premier recueil de vers. Après les vers, est venue la
prose, puis les vers et la prose mêlés. Le voilà donc prosateur et poète, avec
trois volumes qui, dans leur ensemble, ajoutent quelque chose à la littérature
contemporaine.
Gaston Deschamps
C’est un rêveur impressionniste. Un reflet qui passe sur un étang, le frisson d’une eau moirée, un rideau de peupliers qui découpe une mobile dentelle sur l’occident rose et bleu, voilà de la joie pour lui pendant des heures et des jours. Tout lui est sujet de rêveries. S’il voit, dans son village natal, passer une procession de communiantes, il est amusé, retenu par cette impression de blancheur innocente, et, désespérant de fixer avec des couleurs matérielles cette candeur fragile, il chante délicatement son bonheur.