Bourget, Paul (1852-1935)
[Bibliographie]
Au bord de la mer, poésies (1872). — La Vie inquiète, poésies (1875). — Édel, poème (1878). — Les Aveux, poésies (1882). — Essais de psychologie contemporaine (1883). — L’Irréparable (1884). — Deuxième amour (1884). — Profils perdus (1884). — Cruelle énigme (1885). — Nouveaux essais de psychologie contemporaine (1885). — Poésies : Au bord de la mer ; La Vie inquiète, petits poèmes (1885). — André Cornélis (1886). — Un crime d’amour (1886). — Mensonges (1887). — Études et portraits (1888). — Pastels (1889). — Le Disciple (1889). — Un cœur de femme (1890). — La Terre promise (1892). — Cruelle énigme (1893). — Un scrupule (1893). — Cosmopolis (1894). — Un saint (1894). — Steeple-chase (1894). — Outre-mer, notes sur l’Amérique (1896). — Une idylle tragique (1896). — Recommencements, nouvelles (1897). — Voyageuses (1897). — Complications sentimentales (1898). — La Duchesse bleue (1898). — Trois petites filles (1898). — Œuvres complètes : Relique (1899) ; Un cœur de femme (1899).
OPINIONS.
Stanislas de Guaita
Curieux des diagnostics moraux, très familier des choses du cœur, M. Bourget doit à ses préoccupations psychologiques de rares qualités de pénétration et d’analyse, sensibles jusqu’en ces poèmes d’une langue à ce point discrète et musicale, qu’on croit entendre le dialogue aérien de Miranda et d’Ariel.
Auguste Dorchain
Les Aveux (1882) dominent jusqu’ici de très haut l’œuvre poétique de Paul Bourget. Dans ce livre, le poète nous confesse, avec une intensité douloureuse, les troubles d’un cœur désemparé, au lendemain de la grande déception d’amour à demi racontée dans Édel.
Jules Barbey d’Aurevilly
L’enthousiasme, je dirai plus, le fanatisme de M. Paul Bourget, pour , dont il descend par les sensations et par les sentiments, est assez grand et assez résolu pour ne pas souffrir d’un jugement qui le rapproche même pour le diminuer, du grand poète qu’il admire le plus. Venu après de Musset et le grand Lamartine, traités si haut la main de négligés et d’incorrects par les brosseurs de rimes de ce temps, M. Paul Bourget, — que Théophile Gautier aurait cru rabaisser en le traitant d’éloquent et de passionné ; car il avait, Gautier, sur les éloquents et les passionnés, l’opinion que les citrouilles gelées pourraient avoir sur les boulets rouges et la poudre à canon, — M. Paul Bourget n’en restera pas moins de religion poétique, il ne changera pas l’âme qu’il a et ne se laissera pas étouffer dans d’ineptes systèmes et des poétiques de perdition. Ce , tombé comme la foudre en plein réalisme, est presque deux fois. Il a, chose singulière ! d’autres rapports avec son poète que ceux qui viennent de l’analogie des natures et des manières de sentir. Débutant à peu près au moment de la vie où publiait ses Heures de loisir, il avait sur le des Heures de loisir d’avoir déjà passé par les impressions que ne connut qu’après Childe-Harold… Je l’ai dit, c’est une âme de poète que M. Paul Bourget. Il n’a pas effacé de son front ce grand et beau reflet de Dieu, qui s’y débat contre les ombres du doute quand tous les autres l’ont éteint sur le leur. Le matérialisme ne l’a point durci.
Charles Morice
La voix de M. Bourget a toujours été faible, mais elle a été juste, aristocratique et pénétrante. Dans ses vers, qui sont presque tous d’un délicieux lakiste, il atténuait la grande beauté sombre de Baudelaire — et ce cri de râle ! — jusqu’à la plainte d’une âme où l’intelligence étouffe le cœur, et trouvait le secret d’être poète avec une psychologie un peu neutre, plus craintive qu’angoissée.
Marcel Fouquier
Certains vers de M. Paul Bourget seraient assez inintelligibles, ou du moins n’auraient pas leur sens réel et profond, si l’on n’y retrouvait pas l’écho de cette religion de la Beauté qui a la vertu d’un opium délicieusement mystique, l’attrait d’une révolte, la douceur d’une rédemption.