Borel, Petrus (1809-1859)
[Bibliographie]
Rhapsodies (1832). — Champavert, contes immoraux (1833). — Madame Putiphar, roman (1839). — L’Obélisque de Louqsor, pamphlet (1843).
OPINIONS.
Jules Claretie
Les vers de Pétrus Borel sont souvent personnels. Il souffre, il se plaint ; je veux bien croire qu’il y a dans sa douleur quelques exagérations ; cette fois, le désespéré se regarde un peu trop dans la glace ; pourtant, comment ne pas se sentir ému par ce cri, par ce sombre aveu qui éclaire tristement l’époque de ses débuts ?
Travaille !… On ne croit plus aux futures merveilles.Travaille !… Et le besoin qui me hurle aux oreillesÉtouffant tout penser qui se dresse en mon sein,Aux accords de mon luth que répondre ? J’ai faim !
J’ai faim !
C’est le dernier mot du livre les
Rhapsodies. Il revient plusieurs fois sous la plume de
Borel. Le poète met souvent
en tête de ses vers des épigraphes qui sentent la misère.
Champfleury
Ce Pétrus Borel, forçant l’étrangeté pour dissimuler son peu d’imagination, se présentant en « loup » dans la civilisation, goguenard très travaillé, sans cesse en quête de sujets étonnants, voulant attirer l’attention du public par son orthographe, n’écrivant toutefois qu’avec peine de bizarres récits en prose, poète jadis, dont les vers étaient hirsutes et martelés, à la tête autrefois d’un groupe d’artistes à tous crins qui avaient laissé leurs cheveux dans les mains de l’occasion.
Pétrus Borel, à bien chercher, a laissé quelques pages ; mais son œuvre, à cinquante ans de distance, ne me paraît pas viable.
Charles Monselet
Il y avait dans les écrits de M. Pétrus Borel mieux et autre chose que ce qu’on a voulu y voir.
Charles Baudelaire
Pour moi, j’avoue sincèrement, quand même j’y sentirais un ridicule, que j’ai toujours eu quelque sympathie pour ce malheureux écrivain dont le génie manqué, plein d’ambition et de maladresse, n’a su produire que des ébauches minutieuses, des éclairs orageux, des figures dont quelque chose de trop bizarre, dans l’accoutrement ou dans la voix, altère la native grandeur. Il a, en somme, une couleur à lui, une saveur sui generis ; n’eût-il que le charme de la volonté, c’est déjà beaucoup ! Mais il aimait férocement les lettres, et aujourd’hui nous sommes encombrés de jolis et souples écrivains tout prêts à vendre la muse pour le champ du potier.