(1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20
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(1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

I

La vérité sur les hommes comme sur les choses est difficile à trouver, et quand elle est trouvée une fois, elle n’est pas moins difficile à conserver. Où en est-on sur Voltaire ? à combattre encore, à se contredire, à se lancer ce nom à la tête comme une arme de guerre, à s’en faire un signal de ralliement ou une pierre de scandale. Nous demandons la permission, ayant à parler de lui, d’en rester à nos propres impressions déjà anciennes, fort antérieures à des débats récents, et de redire, à propos des volumes aujourd’hui publiés, et sauf les applications nouvelles, le jugement assez complexe que nous avons tâché, durant plus de vingt ans, de nous former sur son compte, de mûrir en nous et de rectifier sans cesse, ne voulant rien ôter à un grand esprit si français par les qualités et les défauts, et voulant encore moins faire, de celui qui n’a rien ou presque rien respecté, un personnage d’autorité morale et philosophique, une religion à son tour ou une idole.

Il n’y aura d’ailleurs nulle singularité ni originalité en tout ceci. Voilà déjà trois générations, ce me semble, qui se succèdent et dans lesquelles un nombre assez considérable d’esprits partis de points de vue fort différents se sont fait de Voltaire une assez juste idée, mais une idée qui est restée dans la chambre entre quelques-uns et qui a toujours été remise en question par la jeunesse survenante ; car les jeunes gens, à leur insu, au moment où ils entrent activement dans la vie, cherchent plutôt dans les hommes célèbres du passé et dans les noms en vogue des prétextes à leurs propres passions ou à leurs systèmes, des véhicules à leurs trains d’idées et à leurs ardeurs : soit qu’ils les épousent et les exaltent, soit qu’ils les prennent à partie et les insultent, c’est eux-mêmes encore qu’ils voient à travers ; c’est leur propre idée qu’ils saluent et qu’ils préconisent, c’est l’idée contraire qu’ils rabaissent et qu’ils rudoient. Voir les choses telles qu’elles sont et les hommes tels qu’ils ont été est l’affaire déjà d’une intelligence qui se désintéresse, et un effet, je le crains, du refroidissement.

Je dis que pendant trois générations successives Voltaire a été sainement apprécié de quelques-uns, bien que ces jugements soient comme en pure perte et qu’ils n’aient pu se consolider encore et s’établir parmi tous. Comptons un peu. De son vivant, il a été parfaitement jugé et connu, tant pour ses bonnes qualités que pour ses défauts, pour ses belles et charmantes parties que pour ses folies et ses détestables travers, par des personnes de sa société, et, jusqu’à un certain point, de ses amis. Qui voudrait recueillir dans les correspondances du temps les mots et les jugements de Mme Du Deffand, du président Hénault et autres de ce monde-là sur Voltaire, les jugements du président de Brosses, de Frédéric, de Mme de Créqui (j’en ai donné des échantillons), quiconque ferait cela aurait l’idée d’un Voltaire vrai, non convenu, non idéalisé et ennobli par l’esprit de parti, et auquel on laisserait toutefois la gloire entière de ses talents. Mais cette opinion de quelques témoins clairvoyants et bien informés se transmit peu. L’éloignement où Voltaire se tint dans ses dernières années, la révérence qu’il inspirait de loin, dans son cadre de Ferney, aux générations nouvelles qui n’avaient rien vu de sa pétulante et longue jeunesse, le concert de louanges que sa vieillesse habile et infatigable avait fini par exciter en France et en Europe, tout prépara l’apothéose dans laquelle il s’éteignit et contre laquelle bien peu de protestations alors s’élevèrent. Cependant il avait contre lui au fond, même dans le parti de la philosophie dès lors triomphant, les disciples et les sectateurs de ce Rousseau qu’il avait méconnu et outragé. Après que la Révolution eut fait son œuvre de ruine, bien des anciens adorateurs de Voltaire se détachèrent de son culte plus qu’à demi ; ils sentirent le prix des institutions qu’il avait imprudemment sapées ; ils se dirent qu’il les aurait, lui aussi, regrettées comme ils les regrettaient eux-mêmes ; on se rendit mieux compte de ses inconséquences, et, en gardant de l’admiration pour l’esprit inimitable et séduisant, on en vint à le juger avec une sévérité morale justifiée par l’expérience. Marie-Joseph Chénier continuait de tout admirer de Voltaire, et l’épître qu’il lui adressa put devenir le programme brillant du peuple des voltairiens : mais les gens de goût et dont en même temps l’esprit s’ouvrait à des aperçus d’un ordre plus élevé, des hommes tels que M. de Fontanes, par exemple, savaient fort bien concilier ce que méritait en Voltaire l’auteur charmant, et ce qui était dû au satirique indécent, au philosophe imprudent, inexcusable. Dans cette seconde génération, Voltaire trouva donc des juges très éclairés, très équitables de mesure, et qui surent faire les deux parts.

Quant à ce que j’appelle la troisième génération, et dans laquelle je prends la liberté de ranger les gens de mon âge à la suite de ceux qui ont une dizaine d’années de plus, c’est moins d’une admiration excessive qu’ils eurent à revenir que d’un sentiment plus ou moins contraire. L’influence de M. de Chateaubriand (juge d’ailleurs assez équitable de Voltaire), celle de Mme de Staël, c’est-à-dire de Rousseau toujours, le réveil d’une philosophie spiritualiste et respectueuse pour la nature humaine, l’action aussi de la renaissance religieuse qui atteignait au moins les imaginations quand ce n’était pas les cœurs, l’influence littéraire enfin qui soufflait tantôt de la patrie de Goethe et de Schiller, tantôt de celle de Shakespeare, de Walter Scott et de Byron, ces diverses causes générales avaient fort agi sur plusieurs d’entre nous, jusque dans nos premières lectures de Voltaire. Quelques-uns étaient tentés de lui trop refuser. Mais, avec le temps, et en perdant soi-même de sa roideur et de sa morgue juvénile, on a rendu plus de justice à ce naturel parfait, à cette langue qui ne demande qu’à être l’organe rapide du plus agréable bon sens, qui l’est si souvent chez lui, et à laquelle, après tous les essors aventureux et les fatigues de style, on est heureux de se retremper et de se rafraîchir comme à la source maternelle. On s’est laissé reprendre à tant de qualités de vive justesse, de raison railleuse et de grâce. Je dirai donc, sans croire nous trop accorder, que dans cette troisième génération plus d’un esprit en est revenu, sans fléchir sur les points essentiels, à voir en Voltaire ce qu’il convient d’y voir avant tout lorsqu’on le considère en lui-même et dans les conséquences immédiates qui sont sorties de ses œuvres. Mais ces conséquences (là est le malheur), elles ne sont pas seulement immédiates et relatives à son temps, elles ont encore à sortir et à courir pour plusieurs générations, et elles sont loin d’être épuisées. L’homme et l’écrivain chez Voltaire sont parfaitement définis et connus, ou du moins peuvent l’être : le combattant et le chef de parti Voltaire continue toujours. Comme un général mort, mais dont le nom promet des victoires, on l’a attaché sur son cheval, et la bataille se rengage autour de lui, comme autour du plus guerroyant. Il est le champion voué à des querelles immortelles. Demandez donc de l’impartialité dans cette mêlée ! Pauvre effort d’une postérité qui fuit continuellement et recule ! On se donne bien du mal pour arriver à être juste, à voir juste, et quand on a à peu près atteint le point, entrent à l’instant de nouveaux venus qui brouillent tout encore une fois, remettent tout en jeu, et, au nom de leurs passions ou de leurs convictions, ne veulent voir qu’un côté, sont excessifs dans l’enthousiasme comme dans l’invective ; et c’est ainsi que tout est à recommencer toujours.

La publication de ces deux volumes de Lettres inédites va nous permettre et nous obliger de parcourir une fois de plus et de repasser rapidement en idée toute la vie de Voltaire. Elle ne change rien d’ailleurs à ce qu’on connaissait, elle n’y ajoute rien d’imprévu ; avec Voltaire, il ne faut plus s’attendre depuis longtemps à des révélations ; il a tout dit du premier coup. Mais ces deux volumes contiennent de nouveaux témoignages de son esprit et de ses grâces, et sont généralement assez purs de ses excès. On peut en parler sans avoir à toucher nécessairement à rien de ce qui envenime. Les premières lettres en date nous le montrent dans cette première saillie de jeunesse et de joie, avant ses tristes aventures, avant ce voyage d’Angleterre, qui le fit rentrer en lui-même et le mûrit. Il a vingt-quatre ans, il écrit à Mme de Bernières, sa grande amie d’alors ; il fait des rêves de retraite délicieuse avec elle dans sa maison de La Rivière-Bourdet, et dès ce temps-là il s’occupe de sa fortune avec M. de Bernières, qui paraît avoir eu le goût des spéculations et des entreprises :

Pour moi, madame, qui ne sais point de compagnie plus aimable que la vôtre et qui la préfère même à celle des Indes, quoique j’y aie une bonne partie de mon bien, je vous assure que je songe bien plutôt au plaisir d’aller vivre avec vous à votre campagne, que je ne suis occupé du succès de l’affaire que nous entreprenons. La grande affaire et la seule qu’on doive avoir, c’est de vivre heureux ; et si nous pouvions réussir à le devenir sans établir une caisse de juifrerie, ce serait autant de peine épargnée. Ce qui est très sûr, c’est que si notre affaire échoue, j’ai une consolation toute prête dans la douceur de votre commerce, etc.

Il va à Villars chez la maréchale, qui était aussi l’une de ses grandes amies, et plus encore, une passion. Il partage en ce temps-là sa vie entre les Villars, les Sully, les Richelieu, les d’Ussé, les La Feuillade ; il nage à fleur d’eau dans ce grand monde et s’y déploie à l’aise comme chez lui, avec une légère pointe d’insolence qui sent la conquête. On est sous la Régence ; les rangs semblent confondus. Voltaire qui représente l’esprit ne conçoit nulle limite à son essor, et dès le premier jour il fraie sur le pied d’égalité avec les premiers. Ceux-ci le caressent et le gâtent, jusqu’à l’heure où l’un d’eux lui fera sentir que tout n’est pas encore gagné, que faveur n’est pas justice, et que tolérance n’est pas droit. Cependant, au milieu de ses succès, et tout en travaillant à ses tragédies, à son poème épique, Voltaire songe à ses affaires de fortune. Par un canal sûr qu’il a auprès du régent (et il était à portée d’en avoir plus d’un parmi ses amis), il a parole d’obtenir un privilège pour la formation de je ne sais quelle compagnie ; les capitalistes sont tout trouvés. Voltaire est à Villars ; il s’y oublie un peu ; les gens intéressés à l’affaire le pressent et lui font dire qu’il est urgent qu’il revienne à Paris. Il faut voir comme le gentilhomme Voltaire reçoit l’avis de ces messieurs, les hommes d’argent ; c’est à Mme de Bernières toujours qu’il écrit (1718) :

Si j’avais eu une chaise de poste, madame, je serais venu à Paris par l’envie que j’ai de vous faire ma cour, plus que par l’empressement de finir l’affaire. Je ne l’ai pas négligée, quoique je sois resté à Villars. On m’a écrit que M. le régent a donné sa parole, et comme j’ai celle de la personne qui l’a obtenue du régent, je ne crains point qu’on se serve d’un autre canal que le mien ; je peux même vous assurer que, si je pensais qu’ils eussent dessein (les hommes d’argent) de s’adresser à d’autres, mon peu de crédit auprès de certaines personnes serait assez fort pour faire échouer leur entreprise. Ces messieurs se moquent du monde de s’imaginer que le succès de l’affaire dépende de me voir arriver à Paris le 15 plutôt que le 20 ; quelques jours de plus ou de moins ne gâteront rien à nos arrangements.

Je pars jeudi, demain au soir, avec M. et Mme la maréchale de Villars. Quand je serai, arrivé, il faudra que j’aille sur-le-champ à Versailles, dont je ne partirai qu’après avoir consommé l’affaire, ou l’avoir entièrement manquée. Vous me mandez que, si je ne suis pas à Paris aujourd’hui jeudi, la chose est manquée pour moi. Dites à vos messieurs qu’elle ne sera manquée que pour eux, que c’est à moi qu’on a promis le privilège, et que, quand je l’aurai une fois, je choisirai la compagnie qui me plaira.

On voit que dans les affaires comme dans la littérature, comme dans le monde, et partout, il entre la tête haute, sûr qu’il est de son fait, remettant les gens à leur place et prenant la sienne hardiment, en grand seigneur de l’esprit.

Admire qui voudra cette faculté qu’avait Voltaire à vingt-quatre ans de faire des tragédies, un poème épique et des affaires ! Il prévoyait, dit-on, qu'il fallait être riche pour être ensuite indépendant. Je crois qu’il prévoyait moins cela alors, qu’il n’obéissait à un goût naturel, à un besoin chez lui très caractérisé et qu’ont noté tous ceux qui l’ont bien connu. Seulement il y joignait bien du bel air.

Dans une des lettres de ce temps à Mme de Bernières, il met ce mot à l’adresse de Thieriot : « Et vous, mon cher Thieriot…, je vous demande instamment un Virgile et un Homère (non pas celui de La Motte). Envoyez cela, je vous prie, au suisse de l’hôtel de Villars, pour me le faire tenir à Villars. J’en ai un besoin pressant. — Envoyez-le-moi plutôt aujourd’hui que demain. Ces deux auteurs sont mes dieux domestiques, sans lesquels je ne devrais point voyager. » Voilà le poème épique qui le préoccupe au milieu de tant d’autres soins ; cette diversité d’emplois et de pensées ne laisse pas d’y nuire. Conçu, bercé, caressé et promené dans ces châteaux des Sully, des Caumartin, le poème de La Henriade n’y reçut jamais ce dernier achèvement de la méditation, de la solitude, ce je ne sais quoi de sacré que donne la visite silencieuse de la muse. Homère et Virgile n’étaient pas, j’imagine, sujets à de telles diversions mondaines. Molière, louant le peintre Mignard, son ami, et célébrant ses grands travaux du Val-de-Grâce, lui disait, ou plutôt disait à son sujet à Colbert :

L’étude et la visite ont leurs talents à part ;
Qui se donne à la Cour se dérobe à son art.
Un esprit partagé rarement s’y consomme,
Et les emplois de feu demandent tout un homme.

Le feu chez Voltaire fut toujours rapide. Ce ne fut qu’une flamme souvent charmante ; ce qu’elle n’avait pas dessiné en courant et du premier jet, le foyer intérieur n’y suppléait pas. Même quand il eut tout le loisir, il n’eut jamais le recueillement ; son esprit, de tout temps, resta partagé.

Il est vrai que, si l’on excepte les poèmes épiques, on fait bien des choses à la fois dans la jeunesse. Ce grand monde et ces salons qui se disputaient Voltaire l’accomplirent à certains égards et firent de lui le poète du tour le plus vif, le plus aisé, l’homme de lettres du goût le plus naturellement élégant. Quand on ne songe qu’à l’idéal de l’agrément, à la fleur de fine raillerie et d’urbanité, on se plaît à se figurer Voltaire dans cette demi-retraite, dans ces jouissances de société qu’il rêva bien souvent, qu’il traversa quelquefois, mais d’où il s’échappait toujours. « Mon Dieu, mon cher Cideville, écrivait-il à l’un de ses amis du bon temps, que ce serait une vie délicieuse de se trouver logés ensemble trois ou quatre gens de lettres avec des talents et point de jalousie, de s’aimer, de vivre doucement, de cultiver son art, d’en parler, de s’éclairer mutuellement ! Je me figure que je vivrai un jour dans ce petit paradis, mais je veux que vous en soyez le dieu. » La lettre où il dit cela est de 1732, c’est-à-dire d’une date postérieure à son séjour en Angleterre. Sans trop presser les dates, les personnages de cette intimité idéale que de loin et à distance on lui compose, seraient Formont, Cideville, des Alleurs, Mme Du Deffand, le président de Maisons, Genonville, l’élite des amis de sa première ou de sa seconde jeunesse ; gens d’esprit et de commerce sûr, jugeant, riant de tout, mais entre soi, sans en faire part au public, sachant de toutes choses ou croyant savoir ce qui en est, prenant le monde en douceur et en ironie, et occupés à se rendre heureux ensemble par les plaisirs de la conversation et d’une étude communicative et sans contrainte. Mais Voltaire, en étant le dieu d’un tel monde et se modérant assez pour s’en contenter, se condamnant à mener cette vie de parfait galant homme, n’eût rien été qu’un Voiture accompli et un Hamilton supérieur : et il avait en lui une autre étoffe, bien d’autres facultés qui étaient à la fois son honneur et son danger. Il traversa bien souvent dans sa vie de ces cercles délicieux (« suavissimam gentem », comme il disait) qui se formaient un moment autour de lui, qui se ralliaient à son brillant, dont il était le génie familier et l’âme, et en sortait bientôt par quelque accident a. L’accident au fond venait de lui : il tenait à un défaut et à une qualité. Le défaut, c’était le besoin d’action à tout prix, le besoin de bruit et de renommée qui ne se passait ni des intrigues ni des manèges, et qui jouait avec les moyens scabreux : de là toute une suite d’indiscrétions, de déguisements, de rétractations, de désaveux, de mensonges. Une infinité de misères. La qualité était une passion souvent sincère et la conviction sur des points qui intéressaient l’humanité. Mais, même lorsqu’il fut devenu ce qu’il n’aurait pu dans aucun cas s’empêcher d’être, le roi des poètes de son temps et le chef du parti philosophique, même alors Voltaire avait des regrets et des habitudes d’homme de société, d’auteur de société, et qui n’aurait voulu rester que cela. À l’entendre, lui l’homme de la publicité harcelante et qui fatigua la renommée, il ne publiait jamais, presque jamais, ses livres que malgré lui, à son corps défendant : il avait un secrétaire qui le volait, un ami indiscret qui colportait ses manuscrits ; le libraire pirate s’emparait de son bien en le gâtant, en le falsifiant, et force lui était alors d’imprimer lui-même ses productions et de les livrer au public dans leur sincérité. C’était son apologie. « Comment est-ce donc qu’on a imprimé ma lettre à l’abbé Dubos ? écrivait-il à Thieriot en 1739 ; j’en suis très mortifié : il est dur d’être toujours un homme public. » Ce fut toute sa vie sa prétention d’avoir l’existence d’un écrivain gentilhomme, qui vit de son bien, s’amuse, joue la tragédie en société, s’égaie avec ses amis et se moque du monde : « Je suis bien fâché, écrivait-il de Ferney à d’Argental (1764), qu’on ait imprimé Ce qui plaît aux dames et L’Éducation des filles ; c’est faner de petites fleurs qui ne sont agréables que quand on ne les vend pas au marché. »

Je me suis amusé moi-même à recueillir dans la correspondance nouvellement publiée bon nombre de préceptes de vie qui se rapportent à ce régime de gaieté, auquel il dérogea souvent, mais sur lequel aussi il revient trop habituellement pour que ce ne soit pas celui qu’il préfère :

Ce monde est une guerre ; celui qui rit aux dépens des autres est victorieux.

Je me contente de ricaner sans me mêler de rien. Il est vrai que je ricane beaucoup. Cela fait du bien et soutient son homme dans la vieillesse.

Mes anges (il appelle ainsi M. et Mme d’Argental), en attendant la tragédie, voici la farce ; il faut toujours s’amuser, rien n’est si sain.

Que la guerre continue (celle de Sept Ans), que la paix se fasse, vivamus et bibamus !

Je me ruine (à bâtir), je le sais bien ; mais je m’amuse. Je joue avec la vie ; voilà la seule chose à quoi elle soit bonne.

J’ai essuyé de bien cruelles afflictions en ma vie ; le baume de Fier-à-bras que j’ai appliqué sur mes blessures a toujours été de chercher à m’égayer. Rien ne m’a paru si gai que mon épître dédicatoire (celle de la tragédie des Scythes). Je ne sais pas si elle aura plus, mais elle m’a fait rire dans le temps que j’étais au désespoir.

Réjouissez-vous bien, monsieur (il parle au comte de La Touraille), il n’y a que cela de bon, après tout.

J’arrête là ces citations qu’on pourrait multiplier à l’infini. On sent en plus d’un endroit une sorte de parti pris de rire. Il ne rit pas seulement, il ricane ; il y a un peu de tic, c’est le défaut. À la longue, on prend toujours la ride de son sourire.

Quoi qu’il en soit, Voltaire, même au début, avant le rire bouffon et le rire décharné, Voltaire dans sa fleur de gaieté et de malice était bien, par tempérament, comme par principes, le poète et l’artiste d’une époque dont le but et l’inspiration avouée était le plaisir, avant tout le plaisir.

Mais les cercles les plus agréables, cependant, ne suffisaient point à Voltaire et ne pouvaient l’enfermer : il en sortait, à tout moment, je l’ai dit, et par des défauts et par des parties plus sérieuses et louables. Il en sortait parce qu’il avait le diable au corps, et parce qu’il avait aussi des étincelles du dieu. Se moquer est bien amusant ; mais ce n’est qu’un mince plaisir si l’on ne se moque des gens à leur nez et à leur barbe, si les sots ennemis qu’on drape n’en sont pas informés et désolés ; de là mille saillies, mille escarmouches imprudentes qui devenaient entre eux et lui des guerres à mort. Le théâtre, la tragédie, qu’adorait Voltaire et où il excellait selon le goût de son temps, le livrait au public par un plus noble côté. L’histoire, où il excellait aussi, et où il se montrait supérieur quand elle était contemporaine ou presque contemporaine, ne le conviait pas moins à devenir un auteur célèbre dans le sens le plus respectable du mot, le peintre de son siècle et du siècle précédent. Voltaire s’intéressait à tout ce qui se passait dans le monde auprès de lui ou loin de lui ; il y prenait part, il y prenait feu ; il s’occupait des affaires des autres, et, pour peu que sa fibre en fût émue, il en faisait les siennes propres ; il portait le mouvement et le remue-ménage partout où il était, et devenait un charme ou un tourment. Ce diable d’homme (c’est le nom dont on le nomme involontairement) ne pouvait donc, dans aucun cas, malgré ses velléités de retraite et de riante sagesse, se confiner à l’existence brillante et douce d’un Atticus ou même d’un Horace, et se contenter pour la devise de sa vie de ce mot qu’il écrivait galamment au maréchal de Richelieu : « Je me borne à vous amuser. » Il avait commencé, nous l’avons vu, par dire à Mme de Bernières : « La grande affaire et la seule, c’est de vivre heureux » ; et, bon gré mal gré, il était entraîné à justifier chaque jour à l’avance le mot de Beaumarchais : « Ma vie est un combat. »

La correspondance inédite donne peu de détails nouveaux sur la sortie de Voltaire hors du royaume en 1726 et sur cette retraite en Angleterre, qui fut si décisive pour son éducation intellectuelle. Il devait y être préparé par ses conversations avec Bolingbroke, qu’il avait beaucoup vu à Paris et à sa terre de la Source, près d’Orléans ; mais l’impression qu’il reçut de ce spectacle nouveau, moins encore de la chose politique et du jeu de la constitution que du groupe philosophique et librement penseur qu’il y rencontra, paraît avoir surpassé son attente ; elle fut sur lui profonde et indélébile. Cette période de la vie de Voltaire, ces trois années d’étude et de silence, où il entra n’étant que le libertin du Temple et le plus charmant homme de société, et d’où il sortit homme et philosophe, sont restées assez obscures et mystérieuses, précisément parce qu’il les passa dans le silence. On entrevoit par sa correspondance avec le chevalier Falkener quelles liaisons fortes et tendrement graves il y avait contractées, et combien intime et durable il en garda le souvenir. Cet endroit me paraît le seul de la vie de Voltaire qui fasse désirer encore des éclaircissements de détail. Il est un moment et un milieu où les talents et les esprits, jusque-là tout jeunes et adolescents, s’achèvent, se font et deviennent adultes : l’Angleterre a été ce lieu pour Voltaire. Il en revint définitivement formé, avec un fonds d’idées qu’il accroîtra peu, et avec un cachet intérieur qu’il ne perdra plus.

J’avais cru d’abord que la lettre suivante, qui dans le nouveau recueil est mise à la date de 1724, était de 1726, et devait se rapporter au moment où Voltaire venait d’avoir affaire au chevalier de Rohan et se disposait à quitter la France, ou du moins Paris, avant d’être mis à la Bastille : il y a un accent qui me semblait déceler son âme en cette crise la plus douloureuse de sa vie. Voici la lettre :

À Mme de Bernières.

J’ai été à l’extrémité ; je n’attends que ma convalescence pour abandonner à jamais ce pays-ci. Souvenez-vous de l’amitié tendre que vous avez eue pour moi ; au nom de cette amitié, informez-moi par un mot de votre main de ce qui se passe, ou parlez à l’homme que je vous envoie, en qui vous pouvez prendre une entière confiance. Présentez mes respects à Mme Du Deffand. Dites à Thieriot que je veux absolument qu’il m’aime, ou quand je serai mort, ou quand je serai heureux ; jusque-là, je lui pardonne son indifférence. Dites à M. le chevalier des Alleurs que je n’oublierai jamais la générosité de ses procédés pour moi. Comptez que, tout détrompé que je suis de la vanité des amitiés humaines, la vôtre me sera à jamais précieuse. Je ne souhaite de revenir à Paris que pour vous voir, vous embrasser encore une fois, et vous faire voir ma constance dans mon amitié et dans mes malheurs.

Mais, tout bien considéré, ces mots, j’ai été à l’extrémité, se rapportent peut-être mieux à une maladie qu’il eut en effet en 1724, après avoir pris les eaux de Forges, et conviennent moins à l’état où l’aurait mis l’indigne guet-apens du chevalier de Rohan. Nous en resterons donc, pour sa disposition d’esprit en cette heure pour lui si sérieuse, sur cet unique témoignage, cette lettre adressée à Thieriot qui se trouve dans la correspondance générale, et où se lisent ces nobles paroles :

Je suis encore très incertain si je me retirerai à Londres : je sais que c’est un pays où les arts sont tous honorés et récompensés, où il y a de la différence entre les conditions, mais point d’autre entre les hommes que celle du mérite. C’est un pays où l’on pense librement et noblement, sans être retenu par aucune crainte servile. Si je suivais mon inclination, ce serait là que je me fixerais, dans l’idée seulement d’apprendre à penser. Mais je ne sais si ma petite fortune, très dérangée par tant de voyages, ma mauvaise santé, plus altérée que jamais, et mon goût pour la plus profonde retraite, me permettront d’aller me jeter au travers du tintamarre de Whitehall et de Londres. Je suis très bien recommandé en ce pays-là et on m’y attend avec assez de bonté ; mais je ne puis pas vous répondre que je fasse le voyage. Je n’ai plus que deux choses à faire dans ma vie : l’une de la hasarder avec honneur dès que je le pourrai, et l’autre de la finir dans l’obscurité d’une retraite qui convient à ma façon de penser, à mes malheurs et à la connaissance que j’ai des hommes.

Au retour d’Angleterre, et l’idée de pouvoir amener le chevalier de Rohan à une réparation personnelle par les armes étant dès longtemps abandonnée, Voltaire essaya de réaliser en partie la dernière moitié de son vœu, et, sinon d’ensevelir sa vie dans la retraite, du moins de l’y abriter et de l’y embellir, en ne se livrant au monde que par le superflu de son esprit et par les pages que le vent ferait toujours assez vite envoler par sa fenêtre : il noua sa liaison étroite avec la marquise du Châtelet, et il eut sa période de Cirey. Il vécut pour elle et selon elle. Si l’on a égard à son humeur, à ses pétulances et au caractère aussi de la marquise, on trouvera qu’il ne tint pas trop mal sa gageure, puisque cette liaison dura plus de quinze ans et ne fut rompue que par la mort. Il y fut heureux malgré quelques courts orages, et sauf des querelles d’intérieur qui ont transpiré et que la curiosité maligne a recueillies. Il était réellement sous le charme : il l’admirait, il la proclamait sublimée, il la trouvait belle ; il se plaît, dans ses lettres à Falkener, à donner son adresse chez elle, au château de Cirey : « Là, disait-il, vit une jeune dame, la marquise du Châtelet, à qui j’ai appris l’anglais, etc. » Trois choses pourtant me gâtent Cirey, a dit un fin observateur : — d’abord, cette manie de géométrie et de physique qui allait très peu à Voltaire, qui n’était chez lui qu’une imitation de la marquise, et par laquelle il se détournait de sa vocation vraie et des heureux domaines où il était maître ; — en second lieu ces scènes orageuses, ces querelles de ménage soudaines, rapides mais burlesques, dont nous sommes, bon gré mal gré, informés, et qui faisaient dire à un critique de nos jours qu’il n’aurait jamais cru que l’expression à couteaux tirés fût si près de n’être pas une métaphore ; — en troisième lieu, cette impossibilité pour Voltaire, même châtelain, même amoureux, même physicien et géomètre de rencontre, de n’être pas un homme de lettres depuis le bout des nerfs jusqu’à la moelle des os ; et dès lors ses démêlés avec les libraires, ses insomnies et ses agitations extraordinaires au sujet des copies de La Pucelle (voir là-dessus les lettres de Mme de Grafigny), ses fureurs et ses cris de possédé contre Desfontaines et les pamphlets de Paris. C’en est assez, en effet, pour gâter un Éden.

Sur le chapitre des mathématiques, et sur cette géométrie de complaisance dont le goût prit subitement à Voltaire, le nouveau recueil nous fournit quelques lettres qui sont de celles que le commun des lecteurs se contente de parcourir et d’effleurer du regard : un habile homme m’avertit d’y prendre garde, et il me fait lire, en me le commentant, ce passage :

Puisque me voilà en train, dit Voltaire en écrivant à un M. Pilot de l’Académie des sciences, il faut encore, monsieur, que je vous importune sur une petite difficulté. Mme la marquise du Châtelet me faisait, il y a quelques jours, l’honneur de lire avec moi La Dioptrique de Descartes : nous admirions tous deux la proportion qu’il dit avoir trouvée entre le sinus de l’angle d’incidence et le sinus de l’angle de réflexion ; mais en même temps nous étions étonnés qu’il dît que les angles ne sont pas proportionnels, quoique les sinus le soient. Je n’y entends rien : je ne conçois pas que la mesure d’un angle soit proportionnelle, et que l’angle ne le soit pas. Oserai-je vous supplier d’éclairer sur cela mon ignorance ?

J’ai une santé bien faible pour m’appliquer aux mathématiques ; je ne peux pas travailler une heure par jour sans souffrir beaucoup.

Il avait mieux à faire de sa santé que de forcer son ingénieux et rapide esprit à s’occuper de ces matières, qu’il comprenait assurément au moment ou on les lui expliquait, mais qu’il oubliait aussitôt, et qu’il lui eût fallu rapprendre l’instant d’après. Ainsi il est étrange, me dit mon excellent avertisseur, que Voltaire s’étonne de ce que les angles ne sont pas proportionnels, quoique les sinus le soient ; car c’est une proposition élémentaire de géométrie « que les arcs de cercle sont proportionnels aux angles au centre qui les comprennent » ; mais quant à la ligne qu’on appelle sinus, ce n’est qu’une fonction de l’angle, et qui seule ne suffit pas pour le mesurer. Ce qui est plus étrange encore que l’étonnement de Voltaire, c’est que cet étonnement ait été partagé par l’illustre marquise, qui passe pour un géomètre d’une certaine force : il fallait que ce jour-là elle eût perdu ses principes, selon le mot piquant et bien connu de Mme de Staal de Launay : « Elle fait actuellement la revue de ses principes : c’est un exercice qu’elle réitère chaque année, sans quoi ils pourraient s’échapper, et peut-être s’en aller si loin qu’elle n’en retrouverait pas un seul. Je crois bien que sa tête est pour eux une maison de force, et non pas le lieu de leur naissance : c’est le cas de veiller soigneusement à leur garde. » Cela n’a l’air que d’une méchanceté ; mais voici la preuve. Les principes, ceux qui concernent le sinus, avaient déménagé ce matin-là.

Et Voltaire, ce même homme qui trébuchait ainsi dans le détail, reprenait ses avantages dès qu’il s’agissait d’ensemble ; il était de ces esprits fins et prompts qui devinent mieux qu’il ne connaissent, qui n’ont pas la patience de porter une démonstration un peu longue, mais qui enlèvent parfois tout d’une vue une haute vérité, et qui réussissent alors à l’exprimer de manière à ravir les savants eux-mêmes. Dans le temps où il faisait ses cours de physique si intéressants et si suivis, M. Biot se plaisait à citer, comme le plus fidèle et le plus vivant résumé de la théorie de la lumière, ces beaux vers de l’épître à Mme du Châtelet Sur la philosophie de Newton :

Il déploie à mes yeux par une main savante
De l’astre des saisons la robe étincelante ;
L’émeraude, l’azur, le pourpre, le rubis,
Sont l’immortel tissu dont brillent ses habits.
Chacun de ses rayons dans sa substance pure
Porte en soi les couleurs dont se peint la nature ;
Et, confondus ensemble, ils éclairent nos yeux,
Ils animent le monde, ils emplissent les cieux…

Ainsi cette excursion fort inutile de Voltaire dans les mathématiques, et qui allait devenir une fausse route, ne fut pas tout à fait perdue : elle lui servit du moins à composer cette belle épître2. — « Je suis bien malade, écrivait-il à Thieriot en août 1738, Newton et Mérope m’ont tué. » Ni l’un ni l’autre ne le tuèrent. Cette Mérope, qui parut l’un de ses chefs-d’œuvre, lui valut de vives jouissances. Il avait fait semblant de résister aux avances de ceux qui voulaient qu’il la donnât au public. Mlle Quinault lui avait écrit à ce sujet ; il lui répondait par une des plus jolies lettres du nouveau recueil ; il lui disait :

Vous êtes toute propre à faire des miracles ; j’en ai grand besoin. Je ne sais si je n’ai pas renoncé entièrement à l’envie dangereuse de me faire juger par le public. Il vient un temps, aimable Thalie, où le goût du repos et les charmes d’une vie retirée l’emportent sur tout le reste. Heureux qui sait se dérober de bonne heure aux séductions de la renommée, aux fureurs de l’envie, aux jugements inconsidérés des hommes ! Je n’ai que trop à me repentir d’avoir travaillé à autre chose qu’à mon repos. Qu’ai-je gagné par vingt ans de travail ? Rien que des ennemis. C’est là presque tout le prix qu’il faut attendre de la culture des belles-lettres ; beaucoup de mépris quand on ne réussit pas, et beaucoup de haine quand on réussit. Le succès même a toujours quelque chose d’avilissant par le soin qu’on a d’encourager je ne sais quels bateleurs d’Italie à tourner le sérieux en ridicule et à gâter le goût dans le comique (allusion aux parodies qu’on faisait de ses pièces)…

J’ai toujours été indigné pour vous et pour moi, que des travaux si difficiles et si utiles fussent payés de tant d’ingratitude ; mais à présent mon indignation est changée en découragement. Je ne réformerai point les abus du monde ; il vaut mieux y renoncer. Le public est une bête féroce : il faut l’enchaîner ou la fuir. Je n’ai point de chaînes pour elle, mais j’ai le secret de la retraite. J’ai trouvé la douceur du repos, le vrai bonheur. Irai-je quitter tout cela pour être déchiré par l’abbé Desfontaines, et pour être immolé sur le théâtre des farceurs italiens à la malignité du public et aux rires de la canaille ?…

J’ajouterai à tout ce que je viens de vous dire qu’il est impossible de bien travailler dans le découragement où je suis. Il faut une ivresse d’amour-propre et d’enthousiasme : c’est un vin que j’ai cuvé, et que je n’ai plus envie de boire. Vous seule seriez capable de m’enivrer encore ; mais, si vous avez toujours le saint zèle de faire des prosélytes, vous trouverez dans Paris des esprits plus propres que moi à cette vocation, plus jeunes, plus hardis, et qui auront plus de talent. Séduisante Thalie, laissez-moi ma tranquillité ; je vous serai toujours aussi attaché que si je devais à vos soins le succès de deux pièces par an. Ne me tentez point, ne rallumez point un feu que je veux éteindre, n’abusez point de votre pouvoir. Votre lettre m’a presque fait imaginer un plan de tragédie ; une seconde lettre m’en ferait faire les vers. Laissez-moi ma raison, je vous en prie. Hélas ! j’en ai si peu !…

Il céda, il fit encore une et deux tragédies, et bien d’autres. Il laissa donner sa Mérope, et il lui dut à Paris un triomphe des plus flatteurs, et qui présageait celui qui l’attendait aux mêmes lieux trente-cinq ans plus tard :

Mercredi 20 (mars 1743), lit-on dans le journal de l’avocat Barbier, on représenta à la Comédie-Française la tragédie de Mérope, veuve du fils du grand Alcide et mère d’Égisthe. Cette pièce a été composée par M. de Voltaire, qui est le roi de nos poètes. Cette tragédie, dans laquelle il n’y a pas un seul mot d’amour ni d’intrigue, a été trouvée si belle, que M. de Voltaire, qui parut après la pièce dans une première loge, fut claqué personnellement pendant un quart d’heure, tant par le théâtre que par le parterre ; on n’a jamais vu rendre à aucun auteur des honneurs aussi marqués.

— Nous continuerons de parcourir librement la vie de Voltaire, en prenant autant que possibles nos preuves et témoignages dans le recueil nouveau.