(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Arvers, Félix (1806-1850) »
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(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Arvers, Félix (1806-1850) »

Arvers, Félix (1806-1850)

[Bibliographie]

Mes heures perdues (1833) ; réimprimées avec une préface de Th. de Banville (1878). — Poésies de Félix Arvers, avec une introduction de M. Abel Avrecourt (1900).

OPINIONS.

Jules Janin

Tel jeune homme, à lire les Odes et Ballades, se trouvait poète et s’écriait : Et moi aussi !… Nos souvenirs ont conservé des pièces charmantes écrites sous la vive et première impressions de Joseph Delorme. Écoutez, par exemple, ce sonnet (d’Arvers), et dites-moi s’il n’est pas dommage que ces choses-là se perdent et disparaissent comme des articles de journaux :

Ma vie a son secret, mon âme a son mystère :
Un amour éternel en un moment conçu ;
Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire,
Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su.

Hélas ! j’aurai passé près d’elle inaperçu,
Toujours à ses côtés et pourtant solitaire,
Et j’aurai jusqu’au bout fait mon temps sur la terre.
N’osant rien demander et n’ayant rien reçu.

Pour elle, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre.
Elle suit son chemin, discrète et sans entendre
Ce murmure d’amour élevé sur ses pas.

À l’austère devoir pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d’elle :
« Quelle est donc cette femme ? » et ne comprendra pas.

La langue est belle, la passion est vraie ; il faut y croire. L’auteur est mort au moment où il allait prendre sa place au soleil.

[Histoire de la littérature dramatique en France, t. III ().]

Henri Blaze de Bury

Le sonnet d’Arvers, isolé dans son œuvre, ne vise pas telle ou telle personne de la société ; il vise la femme, être essentiellement réfractaire aux choses de la poésie quand son amour propre n’y est pas intéressé, et qui ne comprend vos vers et vos hommages que le jour où votre gloire les lui renvoie et que vous avez fait d’elle une Elvire.

[Revue des deux mondes (février ).]