Nerval, Gérard de (1808-1855)
[Bibliographie]
Napoléon et la France guerrière, élégies nationales (1826). — La Mort de Talma, élégie nationale (1826). — L’Académie ou les Membres introuvables, comédie satirique (1826). — Napoléon et Talma, élégies nationales, en vers libres (1826). — M. Dentscourt ou le Cuisinier grand homme, tableau politique à propos de lentilles (un acte en vers), publié sous le nom de M. Beuglant, poète, ami de Cadet-Roussel (1826). — Élégies nationales et Satires politiques (1827). — Faust, tragédie de Goethe, nouvelle traduction complète en prose et en vers (1828). — Le même ouvrage, suivi du Second Faust et d’un choix de ballades et de poésies de Goethe, Schiller, Bürger, Klopstock, Schubert, Kœrner, Uhland, etc. (1840). — Couronne poétique de Béranger (Paris, 1828). — Le Peuple, ode (1830). — Nos adieux à la Chambre des députés de l’an 1830 ou Allez-vous-en, vieux mandataires, par le père Gérard, patriote de 1798, ancien décoré de la prise de la Bastille, couplets (1831). — Lénore, traduite de Bürger (1835). — Piquilo, opéra-comique, en collaboration avec M. Alexandre Dumas (1837). — L’Alchimiste, drame en 5 actes et en vers, avec M. Alexandre Dumas (1839). — Léo Burclart, drame en 5 actes, en prose, avec M. Alexandre Dumas (1839). — Scènes de la vie orientale (1848-1850). — Les Monténégrins, opéra-comique en 3 actes, en collaboration avec M. Alboize (1849). — Le Chariot d’enfant, drame en vers, en 5 actes et 7 tableaux, traduit du drame indien du roi Soudraka, en collaboration avec M. Méry (1850). — Les Nuits de Ramazan (1850). — Les Faux Saulniers, histoire de l’abbé de Bucquoy (1851). — L’Imagier de Harlem ou la Découverte de l’imprimerie, drame-légende en 5 actes et 10 tableaux, en prose et en vers, en collaboration avec MM. Méry et Bernard Lopez (1852). — Contes et facéties (1852). — Lorély, souvenirs d’Allemagne, contenant : Lorély ou Loreley ; la Fée du Rhin ; À Jules Janin ; Sensations d’un voyageur enthousiaste ; Souvenirs de Thuringe ; Scènes de la vie allemande ; Léo Burckart ; Rhin et Flandre (1852). — Les Illuminés ou les Précurseurs du socialisme (1852). — Petits châteaux de Bohême, prose et poésies (1853). — Les Filles du feu (1854). — Promenade autour de Paris (1855). — Misanthropie et repentir, drame en 5 actes, en prose, de Kotzebue, traduction (1855). — La Bohême galante (1856). — Le Marquis de Fayolle, avec M. Édouard Georges (1856). — Voyage en Orient (1856). — Les Chimères et les Cydalises, poèmes, avec notice de R. de Gourmont (1897).
OPINIONS.
Édouard Thierry
Il lisait toujours et s’efforçait rarement de produire ; mais ce qu’il écrivait était simple et excellent, ingénieux avec le plus grand air de naturel, et spirituel sans se piquer de le paraître… Tout cela est précis et délicat, ingénieux et sincère, toujours intéressant, toujours original, mais de cette originalité vraie et qui s’ignore, plein de ce charme funeste, et qui ne fut mauvais qu’à lui-même, l’enchantement du rêve répandu sur la vie.
Paul de Saint-Victor
La poésie n’était pas pour lui ce qu’elle est, ce qu’elle doit être pour les autres, une lyre qu’on prend et qu’on pose pour vaquer aux choses extérieures ; elle était le souffle, l’essence, la respiration même de sa nature.
Charles Asselineau
Gérard avait des idées particulières sur la poétique. Il s’inquiétait beaucoup de la prosodie des peuples étrangers, de ceux surtout qui ont une langue accentuée, notée, comme les Allemands, les Arabes, etc. L’application de la poésie à la musique le tourmentait aussi beaucoup. Les vers chantés dans ses opéras-comiques sont très travaillés. Toutefois on peut conclure du soin avec lequel il recueillait les chants populaires de sa province (le Valois), tous ces petits poèmes où les soldats, les forestiers, les matelots ont exprimé leurs passions ou leurs rêves, qu’il faisait plus de cas, en poésie, du sentiment que de l’art. Il prétendait que l’assonance peut suppléer la rime — la rime surtout était un grand obstacle à la popularité des poésies, en ce qu’elle rendait le récit poétique lourd et ennuyeux.
Champfleury
Timide dans la vie, Gérard offrait une certaine résistance intérieure, et quoiqu’il vécût en bonne camaraderie avec la bande de Pétrus Borel et qu’il fût admis à l’honneur suprême de fournir une épigraphe au tapageur volume des Rhapsodies, Gérard appartenait à la littérature claire, obtenant les effets plus par le sentiment que par une palette chargée de couleurs. Ses amis pouvaient à leur aise réaliser avec l’art secondaire de la peinture ; lui se contentait de presser doucement son cœur pour en faire jaillir de tendres souvenirs.
Charles Morice
Il créa le vers de songe en ce petit nombre de sonnets merveilleux que plusieurs de nos poètes contemporains ne rappellent pas aussi souvent qu’ils s’en souviennent :
Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé.
Yves Berthou
Heureuse idée vraiment qu’a eue là M. Remy de Gourmont de nous montrer Gérard de Nerval comme un précurseur du symbolisme. Car c’est bien ainsi qu’il nous apparaît avec ces Cydalises, pour lesquelles le maître écrivain a écrit une préface. Il n’y a pas à dire, ces vers semblent être écrits de ce matin par un symboliste demeuré respectueux de la forme. Voici quelques pierres rares, choisies par un artiste, que la poésie trouvera digne d’embellir sa parure. Si mesuré que soit un tel hommage, heureux celui qui peut le faire à ses amours.