2. Scudery, [Madelaine de] sœur du précédent, de l'Académie des Ricovrati, née au Havre de Grace en 1607, morte à Paris en 1701.
Le malheur d'avoir trop écrit, comme son frere, lui attire aujourd'hui un mépris injuste. Il est certain qu'il y a des longueurs assommantes dans ses Romans, qui forment une quarantaine de volumes▶ énormes. Si on considere cependant que le goût n'étoit pas encore formé lorsqu'elle écrivoit ; que tel de ses Romans annonce lui seul plus d'esprit, d'imagination, & de connoissances, que le très-grand nombre de ceux dont on a inondé le Public depuis quelques années ; qu'on trouve dans Clelie & dans Artamene des traits d'une délicatesse & d'une supériorité qui feroient honneur à nos plus sensibles Ecrivains : on conviendra que les défauts ne doivent pas rendre aveugle sur les bonnes qualités. Si l'imagination est, après le génie, le premier mérite des Gens de Lettres ; Mlle de Scudery a sujet de se plaindre de l'oubli où elle est tombée. Elle a eu non seulement le mérite d'inventer, mais celui d'une érudition qui la place parmi nos Femmes savantes, immédiatement après Madame Dacier. Il est aisé de juger, par les dix ◀volumes de ses Entretiens, qu'elle avoit, pour le moins, autant de savoir que de fécondité, de métaphysique, de politesse ancienne, & de babil.