(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Elskamp, Max (1862-1931) »
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(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Elskamp, Max (1862-1931) »

Elskamp, Max (1862-1931)

[Bibliographie]

Dominical (1892). — Salutations, dont d’angéliques (1893). — En symbole vers l’apostolat (1890). — Six chansons de pauvre homme pour célébrer la semaine de Flandre (1896). — La Louange de la Vie (1898). — Enluminures (1898).

OPINIONS.

Francis Vielé-Griffin

M. Max Elskamp, par ses Salutations, nous rappelle le vivant Souvenir de Jules Laforgue et encore cette Sagesse de Verlaine : il n’y a pas ici imitation, mais une parenté lointaine peut-être, suffisante en tout cas pour que notre sympathie aille, d’abord, à l’auteur.

[Entretiens politiques et littéraires ().]

Victor Remouchamps

En des tournures impulsives, effarantes d’abord, charmeuses ensuite comme une révélation lointaine, il a su exprimer ce qu’il y a, en nous de candeur latente, de joie insoupçonnée ; il a su noter les rêves blancs ; il a fait fleurir, sur les vies les pins stériles, tout un miracle de sensations jeunes ; il a ressuscité, en leur fraîcheur d’aurore, les plus exquis symboles catholiques. Sa phrase est enfantine de ferveur et de piété. On dirait d’un enfant de chœur génial.

[Portraits du prochain siècle ().]

Albert Arnay

Le titre seul, Six chansons de pauvre homme pour célébrer la semaine de Flandre, dit bien ce que le poète s’est proposé. Chaque jour de la semaine est défini en ces pages selon sa caractéristique, chaque jour y a sa chanson : lundi, où chôment les établis ; mardi, toute la blancheur des toiles et des langes ; mercredi, le « grand jour des jardiniers » et des marchés où sonnent les carillons ; jeudi, le jeudi des amoureux, baisers donnés, baisers à rendre ; vendredi, « l’heure des bouches », et samedi, « avec votre bel habit noir », ce sont les six jours de non-repos évoqués l’un après l’antre, et c’est la vie honorée plus simplement, s’il se peut, que dans En symbole vers l’apostolat, honorée en pensée humble, en paroles portant modeste robe de bure…

Et voici : les quatre volumes que signa M. Elskamp forment un même tout harmonieusement ordonné. Dominical, c’est la belle prière enseignée par le Christ, c’est le pain demandé, c’est l’existence conduite aux bonnes voies. Salutations, dit la reconnaissance envers Celle qui fut tutélaire aux vœux et à l’attente. En symbole vers l’apostolat, c’est le Credo, c’est la bonté, la pitié indiquées comme le but à atteindre ici-bas. Et les Six chansons nous apprennent que le poète l’atteignit, qu’il est entré dans sa Terre promise, qu’il est à présent selon ses vœux. Je vous le demande : est-il plus belle gloire et destine plus enviable ?

[Le Réveil (février ).]

Remy de Gourmont

Voici une âme de Flandre et d’en haut. Dans les campagnes nues ou dans les cathédrales fleuries, qu’il regarde la mélancolie de l’Escaut jaune et gris ou la sérénité des vieux vitraux couleur de mer, qu’il aime les douces Flamandes aux bras nus ou Marie-aux-cloches, Marie-aux-îles, Marie-de-beaux-navires, Max Elskamp est le poète de la Flandre heureuse. Sa Flandre est heureuse parce qu’il y a une étoile à la pointe de ses mâts et de ses clochers, comme il y avait une étoile sur la maison de Bethléem. Sa poésie est charmante et purificatrice… Max Elskamp chante comme chante un enfant ou un oiseau de paradis. Il se veut un enfant ; il est l’oiseau des légendes qu’un moine écouta pendant plus de cinq cents ans ; et, de même qu’en la légende, lorsqu’on l’a écouté et qu’on revient à la vie, il y a du nouveau dans les gestes des hommes et dans les yeux des femmes. On peut aller sans peur vers Max Elskamp et accepter la corbeille de fruits qu’il nous offre dorée « par un printemps très doux », et boire au puits qu’il a creusé et d’où jaillissent « des eaux heureuses », des eaux fraîches et pleines d’amour. On mangera et on boira de la grâce et de la tendresse.

[Le Livre des masques, 2e série ().]

Robert de Souza

M. Max Elskamp a touché de plus près qu’aucun, dans son parler et dans ses gestes, le simple. Il nous a rendu la candeur des gens du Nord, leur foi têtue. Leurs rêves bleus ont des lignes courtes, un peu sèches, droites et brusquées :

Marie épandez vos cheveux :
Voici rire les Anges bleus,
Et dans vos bras Jésus qui bouge
Avec ses pieds et ses mains rouges,
Et puis encore les Anges blonds
Jouant de tous leurs violons…

Ce sont pieuses gens qui laissent leurs paroles suivre la pente des litanies. Ce sont primitifs qui martèlent leurs dires en sentences, et la naïveté de leurs yeux marque les choses de cernures égales.

[La Poésie populaire et le Lyrisme sentimental ().]