(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Haraucourt, Edmond (1857-1941) »
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(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Haraucourt, Edmond (1857-1941) »

Haraucourt, Edmond (1857-1941)

[Bibliographie]

La Légende des sexes, poèmes hystériques par le sire de Chamblay (Bruxelles, 1883). — L’Âme nue, poèmes (1885). — Amis, roman (1887). — Schylok, drame, adapté de Shakespeare (1889). — La Passion, poème dramatique (1890). — Les Vikings, poème (1890). — Seul, poèmes (1891). — Héro et Léandre, féerie en trois actes (1898). — Aliénor, opéra en cinq actes (1893-1894). — Myriam, drame en cinq actes (1894). — Élisabeth, drame en vers (1894). — Don Juan, drame en vers (1898). — Jean Bart, pièce (1900).

OPINIONS.

Leconte de Lisle

L’Âme nue est un recueil de fort beaux poèmes où il a su exprimer de hautes conceptions en une langue noble et correcte, et prouver qu’il possédait, dans une parfaite concordance, un sens philosophique très averti, uni au sentiment de la nature et à celui du grand art. Son talent, si élevé déjà, ne peut manquer d’acquérir encore plus de certitude et d’éclat, à mesure qu’il illustrera d’images vivantes et colorées la ferme substance de ses vers.

[Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-).]

Jules Tellier

M. Edmond Haraucourt est un poète très riche en idées. On me dira que, des idées, il n’est point si malaisé d’en acquérir et qu’il n’est pas si nécessaire qu’un poète en ait beaucoup. Mais, toutes celles qu’il a, M. Haraucourt les revêt d’une forme très haute et très fière. Et je crois bien que son Âme nue est aussi l’une des œuvres poétiques les plus remarquables de ces dernières années.

[Nos poètes ().]

Charles Morice

Edmond Haraucourt, dans une forme corroborée déjà par des pages de Baudelaire et de M. Leconte de Lisle, dans un esprit dont les pensées ne sont point neuves, sans religion, mais par une manière triste et forte d’être mystique avec matérialité, d’avoir une claire conscience de son projet, une claire vision de son but et de ses chemins, confine au futur, sans en être, mais se ressent du passé surtout en ces points où, par l’usage et peut-être l’abus des facultés rationnelles, il pressentait l’instant actuel. Car et plus encore dans son roman Amis que dans son livre de vers Âme nue, il avoue un retour, ce matérialiste, vers l’usage classique et spirituel de la pensée.

[La Littérature de tout à l’heure ().]

Marcel Fouquier

M. Edmond Haraucourt a exposé, dans l’Âme nue, quelques-unes des théories du positivisme moderne avec une superbe ampleur de langage. Certains de ses vers font songer à Lucrèce que, dans ses Blasphèmes, M. Jean Richepin ne rappelle que lorsqu’il le traduit.

[Profils et portraits ().]

Charles Le Goffic

Il débuta, sous l’anonyme, en 1883, par un livre de vers intitulé : La Légende des sexes, poème hystérique par le sire de Chamblay… C’est de la littérature sotadique, mais de la littérature pourtant. Nombre des pièces du volume purent reparaître dans l’Âme nue publiée deux ans plus tard avec un très vif succès et qui, en affirmant les qualités de force, de couleur et de pensée de M. Haraucourt, lui valut une place de choix parmi les nouveaux poètes.

[La Grande Encyclopédie, t. XIX ().]

Henry Fouquier

Que le Don Juan de M. Haraucourt soit un succès d’argent ou un succès seulement littéraire, comme il paraît plus probable, il faut féliciter l’Odéon d’avoir donné une œuvre de belle tenue et écrite par un poète de grand mérite. Ceci l’emporte et doit l’emporter sur toutes les réserves que je serai forcé de faire tant sur l’œuvre elle-même que sur son interprétation. Le drame, pour donner d’abord mon impression d’ensemble, me paraît valoir, surtout par la facture des vers, qui sont souvent fort beaux ; la faiblesse, à mes yeux, c’est que M. Haraucourt, n’ayant pas pris de parti entre les différents Don Juan qui ont précédé le sien, la construction du drame s’en trouve un peu incohérente et le caractère du héros sans assez de netteté.

[Le Figaro (9 mars ).]