Villehervé, Robert de la = Le Minihy de La Villehervé, Robert (1849-1919)
[Bibliographie]
Premières poésies (1877). — La Chanson des roses (1882). — Le Gars Perrier (1886). — La Princesse pâle (1889). — Toute la comédie (1889). — Les Armes fleuries (1892). — Impressions de l’assassiné (1894). — Lysistraté (1896).
OPINIONS.
Théodore de Banville
Votre volume, Premières poésies, a été pour moi un ravissement et aussi une très heureuse surprise, car c’est la première fois depuis très longtemps que se révèle un poète véritablement artiste et sachant son métier. Vous êtes mille fois trop modeste en vous disant mon disciple ; mais nous sommes étroitement parents, vous et moi, par l’admiration des maîtres, par l’amour du travail achevé et par le soin de la perfection. Vous pouvez et vous devez prendre place, dès à présent, parmi les poètes qu’on écoute ; car vous avez un talent achevé et maître de lui.
J.-K. Huysmans
M. Robert de La Villehervé est un poète vrai. La force du rêve, vivante et splendide, soit dans le charme du souvenir, soit dans le sentiment des heures présentes, soit dans la prévision de celles qui viendront, se dégage de ses vers avec délicatesse et grandeur. M. de La Villehervé a pour maître direct Théodore de Banville, mais il a aussi comme une ancienne parenté avec Sainte-Beuve. Par moments encore, mais moins fréquente, apparaît la manière de Baudelaire. Je ne dis pas cela pour amoindrir le talent du poète nouveau, mais au contraire pour le bien caractériser. D’ailleurs, on me comprendra quand on aura lu le sonnet suivant, qui est une merveille :
Quand nous serons vieux, étendus parmiD’antiques coussins à fleurs démodées,Nous échangerons nos vieilles idéesEn parlant tout bas d’un ton endormi.
Nous souviendra-t-il alors, mon ami,Des lyres jadis toujours accordées,Du scintillement des rimes brodéesEt des chants rêvés écrits à demi ?
Nous serons si vieux ! Et vous, très caustique,Et moi, très profond, nous prendrons du thé,Sans rire, en faisant de la politique.
Mais ce fier sonnet, que j’ai bien chanté,Gardera le nom dont je le décoreEt dans ce temps-là sera jeune encore.
Je recommande encore, avec une admiration toute particulière : le Sonnet prologue, les vers À Célimène, Un Soir, le délicieux rondel intitulé : Calme plat, Mythologie, où revivent les grandes déesses, Crépuscule, le Retour de Marielle, Vers le jardin, très délicates terzo-rimes, et des vers bien langoureux et bien tristes aussi, la Fleur de larmes et encore le Masque ; presque tout enfin… M. de La Villehervé est un noble poète à qui manquera peut-être un applaudissement bruyant de la foule, mais non pas certes l’estime et l’admiration des gens de goût.
Pierre et Paul
On peut estimer à vingt mille vers au moins le bagage lyrique de la Villehervé. Aussi n’est-il point classé dans l’Anthologie des poètes du xixe siècle (Alphonse Lemerre, éditeur), ayant cela de commun avec Catulle Mendès, Louis Ménard, Raoul Ponchon et plusieurs autres… Dans son si remarquable volume : Nos poètes, le regretté Jules Tellier, récemment, rendait un enthousiaste hommage au maître écrivain de la Nuit, lui assignait une place au premier rang parmi ceux qui auront eu la gloire de jeter un suprême et éblouissant éclat sur la fin de ce siècle grandiose.