Rouquès, Amédée (1873-1935)
[Bibliographie]
L’Aube juvénile (1897). — Pour Elle (1900.
OPINIONS.
Fernand Gregh
L’Aube juvénile est le titre de la dernière pièce, qui est aussi la plus longue : dialogue symbolique entre l’Enfant en robe grise, représentant la jeunesse rêveuse et triste du poète, et l’Enfant en robe de pourpre, qui incarne son invincible espoir. Regrets et espérance, c’est tout le cœur de l’adolescent, et c’est tout ce livre, où s’avoue avec une ingénuité qui fait penser à Verlaine, en hésitant, mais avec de beaux éclats soudains, une âme à la fois simple et romanesque, mélancolique et ardente.
Henri de Régnier
Ce que je préfère du livre de M. Rouquès, ce sont ses pièces de rythmes variés, impressions brèves d’un dessin concis et d’une musique fine. Le vers y est net et léger, prompt, ailé. Il s’y combine en strophes très vivantes. Je crois que M. Rouquès sera conduit tout naturellement au vers libre par ces essais heureux qui y tendent. Il y trouvera maintes ressources, et je ne doute pas qu’il en use pour son plaisir et pour le nôtre.
Gaston Deschamps
On remarque, chez l’auteur de cette jolie lamentation, outre une remarquable habileté verbale et une possession précoce du métier, la recherche de certaines rimes qui auraient scandalisé Boileau et Quicherat. Il ne pousse pas la licence jusqu’à l’extension indéfinie de ces vers de quinze pieds, dont l’indiscrète longueur a failli éloigner de M. Fernand Gregh les suffrages de l’Académie. Il ne tombe point dans les « polymorphies » où vagabondent les Palais nomades de M. Gustave Kahn. Il n’imite pas les « laisses rythmiques » où s’ébauchent les Squelettes fleuris de M. Tristan Klingsor. Les Reposoirs de la procession, signifiés en d’irrégulières prosodies par M. Saint-Pol-Roux-le-Magnifique, ne le hantent pas, non plus que le Verger doré de M. Ivanhoé Rambosson… Mais il ne déteste pas les vers affligés d’une certaine boiterie mélancolique :
Des cloches et des hymnes chantent dans mon cœur……………………………………………………………Dans les agrès allègres voltige un vol blancD’hirondelles amies, et la frêle chaloupeBerce à la vague les fleurs lasses de sa poupeDans un cortège impérial de goélands…
M. Amédée Rouquès énerve volontiers l’ancien hémistiche. Il casse avec plaisir les ailes du vieil alexandrin, et il savoure je ne sais quelle volupté néronienne à voir sa victime panteler au ras du sol comme un oiseau blessé :
Des voix confuses passent à travers la brume…………………………………………………………Ce pendant qu’au ciel tranquille un soleil pâlotSommeillait, qui parfois laissait errer sa boucheÀ la cime fuyante et sonore du flot.Les goélands ne savaient plus les cris farouches.
Il pleut beaucoup dans les poèmes de M. Amédée Rouquès, presque autant que sur les béguinages de M. Georges Rodenbach.