Colet, Louise (1810-1876)
[Bibliographie]
Fleurs du Midi (1836). — À ma mère ; Jeunesse de Goethe ; Penserosa ; Jules César et la Tempête ; Le Musée de Versailles (1839). — Funérailles de Napoléon (1840). — Poésies (1842). — Charlotte Corday et Mme Rolland (1842). — Le Monument de Molière (1843). — Réveil de la Pologne, chants des armes (1846). — Le Peuple (1848). — Ce qui est dans le cœur des femmes (1852). — Poème de la femme (1853-1856).
OPINIONS.
Auguste Desplaces
Ses poésies sont peu originales, mais faciles et élégantes. Jeune fille, jeune femme, jeune mère, telles sont les trois phases de la vie correspondant aux trois recueils qui composent le volume de Mme Colet, et chacune d’elles a donné sa fleur ou son fruit.
Eugène de Mirecourt
Un quatrième triomphe académique lui échut en 1854, pour l’Acropole d’Athènes, dédiée à Alfred de Vigny. Mme Colet a consacré à cette œuvre plus de soin encore qu’aux précédentes. La poésie en est grande et simple tout à la fois ; elle caractérise merveilleusement, selon nous, le génie de l’auteur, qui-appartient au romantisme par le fond et au genre classique par la forme. L’Acropole d’Athènes respire un véritable parfum d’antiquité. Si l’on peut s’exprimer de la sorte, ce poème chatoie d’images délicates et de peintures gracieuses. Presque tous les vers semblent tombés de la plume d’André Chénier.
Théodore de Banville
Mme Louise Colet, poète d’un
grand et vrai talent, a balbutié ses premiers essais dans un temps de névrose
romantique où il fallait être pâle, fatal, poitrinaire et lis
penché, sous peine de mort. Aussi fut-elle tout cela, comme l’exigeaient
impérieusement la mode et les convenances ; mais quels démentis cruels donnaient à
ce parti pris nécessaire son beau front droit, ses grands yeux plus éveillés que
les cloches de matines, son petit nez retroussé comme ceux qui changent les lois
d’un empire, et l’arc de sa jolie bouche, et son menton rose, et les énormes
boucles de cheveux clairs, lumineux, couleur d’or, tombant à profusion sur un
buste dont les blanches, éclatantes et superbes richesses chantaient glorieusement
à tue-tête la gloire de Rubens, ivre de rose ! Un des héros de Siraudin s’écrie en une bonne phrase
macaronique :
Ma fille est droite comme un I, sauf quelques
inégalités… que tu ne blâmeras pas.
Et certes, il faudrait avoir
l’esprit bien mal fait pour ne pas s’associer à la pensée qu’il exprime si
judicieusement et avec une si naïve confiance ; mais de quelle solide foi
romantique ne devait pas être animé le statuaire qui avait représenté Mme Louise Colet, splendide alors et
épanouie comme les Néréides du maître d’Anvers, sous la figure d’une jeune femme rêveuse et
mourante, étendue près d’une fontaine, et intitulée : Penserosa !