(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 206
/ 2164
(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 206

Saint-Gelais, [Melin de] Aumônier & Bibliothécaire de Henri II, né à Angoulême, mort à Paris en 1558.

Quoique ses Poésies ne soient pas si originales & aussi naïves que celles de Marot son contemporain, elles n'en furent pas moins accueillies de son temps. Ce Poëte s'étoit formé le goût d'après l'étude des Anciens ; avec moins de génie que Marot, son esprit étoit plus orné. On remarque sur-tout dans ses Epigrammes, un tour naturel qui les rend souvent supérieures à celles de son rival. Dans ses autres Poésies, c'est une douceur de style, une délicatesse de pensées, une facilité dans la versification, qui le firent surnommer l'Ovide François. Son nom ne conserve pas aujourd'hui toute l'estime qu'il mérite ; telle est l'influence du temps sur les suffrages des hommes : mille petits Auteurs, qu'on compare à Chapelle & à Chaulieu, ne seroient pas dignes d'être comparés à Saint-Gelais.

Au reste, ce Poëte est le premier qui ait fait passer le Madrigal, de la Poésie Italienne dans la nôtre, & c'est lui qui en a fixé le véritable caractere. Les Italiens le confondoient, comme les Anciens, avec l'Epigramme ; Saint-Gelais l'a réduit au sentiment, & à la finesse de la galanterie, qui paroissoient beaucoup mieux lui convenir.