Préface
Voici quarante ans, que je cherche à dire la vérité▶ dans le roman, dans l’histoire et le reste. Cette passion malheureuse a ameuté contre ma personne, tant de haines, de colères, et donné lieu à des interprétations si calomnieuses de ma prose, qu’à l’heure qu’il est, où je suis vieux, maladif, désireux de la tranquillité d’esprit, — je passe la main pour la dire, cette ◀vérité▶, — je passe la main aux jeunes, ayant la richesse du sang et des jarrets qui ploient encore.
Maintenant, dans un Journal, comme celui que je publie, la ◀vérité▶ absolue sur les hommes et les femmes, rencontrés le long de mon existence se compose d’une ◀vérité▶ agréable — dont on veut bien ; mais presque toujours tempérée par une ◀vérité▶ désagréable — dont on ne veut absolument pas. Eh bien, dans ce dernier volume, je vais tâcher, autant qu’il m’est possible, de servir seulement aux gens, saisis par mes instantanés, la ◀vérité▶ agréable, l’autre ◀vérité▶ qui fera la ◀vérité absolue, viendra vingt ans après ma mort.
Ce volume du Journal des Goncourt est le dernier qui paraîtra de mon vivant.