Vicq d'Azir, [Félix de] Docteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris, Professeur de Physiologie, de l'Académie des Sciences, Secrétaire perpétuel de la Société Royale de Médecine. Correspondant des Académies de Metz, de Dijon, de Madrid, &c. né à Valogne en 1748.
Peu d'hommes ont débuté avec plus d'éclat dans la carriere des Sciences, & y ont acquis, plus jeunes, des titres à la reconnoissance publique. Quand ses Eloges historiques de M. Bouillet, de M. de Haller, &c. ne lui donneroient pas le droit de figurer parmi les Littérateurs qui écrivent avec le plus de sagesse & de naturel, nous nous serions fait un devoir de le placer dans notre Ouvrage, en faveur des vûes patriotiques qui ont animé ses travaux. Ses différens Mémoires sur les objets les plus intéressans de l'Anatomie, de la Physiologie, de la Thérapeutique ; sur l'établissement de la Société Royale de Médecine que le Roi vient de former ; sur les inconvéniens des cimetieres dans les Villes, &c. n'offriront sans doute rien de piquant à la curiosité des Esprits légers & frivoles ; mais la reconnoissance éclairée du vrai Citoyen, dédommagera M. de Vicq. de la privation de ces sortes de suffrages que le Savant utile doit compter pour rien. Il est facile de juger par la maniere dont il a écrit sur les matieres scientifiques, qu'il eût pu se faire, s'il l'eût voulu, un nom distingué dans les Belles-Lettres ; mais cet Auteur n'en est que plus louable d'avoir préféré l'utilité générale à de vains agrémens qui sont souvent pour le Public un sujet de raillerie ou de mépris.
Il n'est peut-être pas inutile de remarquer que les succès rapides de ce savant Médecin, dont la jeunesse en promet de plus grands, lui ont attiré des ennemis d'autant plus aigris qu'ils courent la même carriere, & que leur haine n'a pris sa source que dans le sentiment de la supériorité de ses talens, employés par le Gouvernement. Il n'est point de bassesses qu'ils n'aient mises en œuvre contre lui : intrigues, imputations calomnieuses, lettres anonymes, libelles de toute espece, tout a été mis en usage pour lui nuire & le décrier. Si M. de Vicq avoit la foiblesse de s'affliger de ces persécutions odieuses, qui ne sont propres qu'à déshonorer ceux qui se les permettent, nous prendrions la liberté de lui faire observer que le suffrage du Gouvernement & l'estime des Citoyens honnêtes & éclairés dont il jouit, sont plus que suffisans pour le dédommager des clameurs de ses ennemis. Ce qui est très-capable de le consoler encore de leurs injures calomnieuses, c'est la certitude qu'elles ne sont que le fruit de l'envie, & l'envie ne s'acharne que contre les hommes célebres ; ce qui nous rappelle ces vers où Virgile peint Drancès tourmenté de la gloire que Turnus s'étoit faite par ses exploits.
Tum Drances idem infensus, quem gloria TurniObliquâ invidiâ, stimulisque agitabat amaris.