(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 404-405
/ 1875
(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 404-405

1. Valois, [Marguerite de] Reine de Navarre, fille de Charles d'Orléans, Duc d'Angoulême, sœur de François I, née à Angoulême, en 1492, morte dans le Bigorre en 1549.

On lui donna pendant sa vie le surnom de dixieme Muse, à cause de son esprit, & de quatrieme Grace, à cause de sa beauté. C'est ainsi qu'on prodigeoit la louange dans un temps où l'on ne savoir louer que par allusion ou par comparaison. Nos Complimenteurs modernes sont souvent dans le même usage, & ce qui a été dit dans le quinzieme Siecle, se répete encore au dix-huitieme, peut-être avec plus de fadeur.

Marguerite de Valois étoit cependant en droit de prétendre aux éloges de ses Contemporains. Ses Ouvrages annoncent de l'esprit & des talens, qui devoient plaire dans les premiers jours de notre Littérature. D'ailleurs, elle protégea les Lettres, & on ne peut la blâmer que de n'avoir pas toujours fait un bon choix dans les Auteurs qu'elle appuyoit par ses bienfaits & par son crédit. Son Heptameron est le seul de ses Ouvrages qui se soit soutenu jusqu'à nous. On dit qu'il ne faut pas lui imputer ceux de ses Contes, qui sont trop libres. Nous adoptons volontiers ce sentiment. Il ne seroit pas glorieux, pour les mœurs de cette Princesse, d'avoir fourni à Lafontaine le sujet du Conte de la Servante justifiée.