Vermenouze, Arsène (1850-1910)
[Bibliographie]
Poésies (1900).
OPINION.
Camille de Sainte-Croix
Diverses poésies d’Arsène Vermenouze, en dialecte auvergnat, avaient valu déjà à son auteur de sincères hommages dans le monde félibre. Il donne aujourd’hui, chez Stock, un recueil de vers très finement français, de forme, — mais toujours auvergnat de cœur. — Ce sont des impressions de pays, croquis de mœurs, traits de légendes, scènes de nature, études d’animaux familiers ou sauvages.
Comme Maurice Rollinat, mais avec une originalité qui n’emprunte rien au poète des Brandes , Arsène Vermenouze est un animalier adroit et pittoresque. Deux sonnets donneront une idée des deux aspects de sa manière : l’ingéniosité dans la composition picturale et la délicatesse dans l’observation physiologique.
LE CANARD SAUVAGE.
Il est, au fond des bois, parmi les mousses d’orQui frangent les contours de sa vasque de pierre— Tel un œil sous les cils d’une blonde paupière —
Il y flotte des glands tombés et du bois mort.Parfois, le soir, cette eau sans vie et sans lumière,Au bruit d’un pas furtif parti d’une clairière,Brusquement se réveille et tressaille. — Il en sort
Tout effaré, le cou raidi, criant d’angoisseEnnui les rameaux nus, qu’il éclabousse et froisse,Un canard au jabot de moire, — vert et bleu.
Sur le ciel qu’un rayon de couchant ensanglante,Il s’enlève, véloce et lourd, l’aile sifflante —Cependant que, dans l’ombre, éclate un coup de feu.