(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 259-261
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 259-261

FAVART, [Charles-Simon] né à Paris en 17..

De tous ceux qui ont travaillé pour le Théatre de l’Opéra-comique, il est celui qui a le mieux saisi l’esprit de ce genre de Spectacle. Sans le surcharger ridiculement d’un sentiment froid & puérile, sans y étaler une philosophie vaporeuse, propre à faire hurler la musique ou la dénaturer, sans le parsemer de ces petits riens à prétention, qui ne sont accueillis qu’au défaut de quelque chose, il a su y répandre de l’intérêt, du naturel, de la gaieté, de la finesse, & tous les agrémens dont il est susceptible ; il a su, en un mot, y peindre le vrai caractere de la Nation, que ses Rivaux ne s’occupent qu’à abâtardir & à défigurer. La Chercheuse d’esprit sera toujours la plus agréable & la plus ingénieuse de ces sortes de bagatelles, qui exercent tant de Chercheurs d’esprit qui n’ont encore trouvé que le verbiage, la fadeur, & jamais le goût & la raison. C’est au sujet de cette Piece que l’Auteur de Rhadamiste adressa ce Quatrain à M. Favart.

Il est un Auteur en crédit,
Dont la Muse a le don de plaire ;
Il fit la Chercheuse d’Esprit,
Et n’en chercha point pour la faire.

FAUCHET, [Claude] Président à la Cour des Monnoies de Paris, sa patrie, mort en 1601, âgé de 72 ans.

Il a beaucoup écrit sur les Antiquités, & particuliérement sur celles qui ont rapport à l’Histoire de France. Ses Ouvrages, peu lus aujourd’hui, parce qu’ils sont écrits d’un style dur & ennuyeux, dégoûterent, comme on sait, Louis XIII de toute autre espece de lecture. Il est vrai qu’on avoit mal choisi l’Ecrivain, si on vouloit inspirer à ce Prince du goût pour les Livres ; mais il faut conclure qu’il avoit naturellement peu de penchant à s’instruire. Car enfin, seroit-on autorisé à se dégoûter de la Poésie, pour avoir lu les Vers de Chapelain, ou à proscrire la Tragédie d’après celles de MM. Marmontel & Lemiere ? D’ailleurs le Président Fauchet n’écrivoit mal, que parce que c’étoit un défaut assez général de son temps, où la langue n’étoit pas encore formée. Ses Antiquités Gauloises & ses Antiquités Françoises supposent une étude & un travail dont on doit lui savoir gré. Il s’est rendu encore très-utile par un Traité des Libertés de l’Eglise Gallicane, & par un autre, de l’Origine des Chevaliers, Héraults, &c. deux Ouvrages qui nous en ont procuré beaucoup d’autres sur le même sujet.