Blin de Sainmore, [Adrien-Michel-Hyacinthe] né à Paris en 17…. Depuis les premieres éditions de notre Ouvrage, ce Poëte a déployé des talens qui lui donnent des droits à nos éloges, après lui avoir mérité l’estime & les applaudissemens du Public. Si les Muses plaintives ont été d’abord les objets de son culte ; s’il a débuté dans la carriere poétique par des Héroïdes peu propres à l’élever au dessus du commun des Poëtes de nos jours, il s’est livré dans la suite à des sujets plus agréables, qu’il a traités de maniere à dédommager ses Lecteurs de la foiblesse de ses premiers essais. Son Epître à Racine, celle à M. le Cardinal de Bernis, & la plupart de ses autres Pieces fugitives, annoncent de l’esprit, de l’imagination, & le talent de rendre, d’une maniere naturelle, & de revêtir d’une versification douce & variée, les différentes affections du cœur & de l’esprit. Ses imitations de plusieurs Idylles de M. Gesner, offrent une marche si libre, si facile, & une poésie si riche, qu’on les prendroit volontiers pour les originaux.
M. Blin ne s’est pas borné aux Poésies légeres. Il a travaillé pour le Théatre, & sa Tragédie d’Orphanis, par laquelle il a débuté, a pleinement justifié l’idée que nous avions donnée de sa capacité pour réussir dans un genre plus difficile & plus élevé. La marche de cette Piece est simple & naturelle ; les principaux caracteres nous ont paru bien dessinés & bien soutenus ; le style en est agréable, facile & correct : cet Ouvrage en un mot annonce un vrai talent pour l’Art sublime de Melpomene, si défiguré par le plus grand nombre des Poëtes qui le cultivent aujourd’hui.