(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 6
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 6

2. COLARDEAU, [N.] né à Jaiville dans l’Orléanois, mort à Paris en 1776.

Depuis son Epître d’Héloïse à Abailard, il n’a rien paru de lui qui fût propre à soutenir l’idée avantageuse que cette Piece avoit donnée de ses talens. C’est un malheur pour sa Muse de n’avoir pas toujours trouvé des modeles comme Pope. Avec un tel secours, M. Colardeau auroit continué sans doute de joindre au mérite d’une versification heureuse, la chaleur du sentiment, l’énergie des pensées, & la beauté des images. Malgré l’envie que nous aurions de les louer, ses Tragédies d’Astarbé & de Caliste, son Héroïde d’Armide à Renaud, sa Traduction ou son Imitation en vers de quelques Nuits d’Young & du Temple de Gnide, semblent être d’un autre Auteur, par la froideur & la foiblesse du style, dont les accessoires font presque toujours perdre de vue l’objet principal. Ces divers Ouvrages offrent cependant des traits qui laissent entrevoir que ce Poëte auroit pu beaucoup mieux faire, s’il se fût moins livré à sa facilité. Ses vers les plus médiocres conservent toujours le coloris de cette versification heureuse dont nous avons parlé ; mais la versification, comme on fait, n’est qu’une partie insuffisante du Génie poétique.