2. Clément, [Pierre] né à Geneve en 1707, mort en 1767.
Ses cinq Années Littéraires ont fait oublier sa Tragédie de Mérope, & sa Comédie des Francs-Maçons. Le premier Ouvrage a eu une vogue étonnante, & cette vogue se soutient encore dans les Provinces & les Pays étrangers. On ne sauroit disconvenir qu’il ne mérite, à beaucoup d’égards, ce succès : il contient des critiques excellentes, des observations pleines de goût, mille traits d’un esprit piquant ; mais il faut avouer aussi qu’avec un style agréable, l’Auteur fatigue souvent son Lecteur, par une profusion & une monotonie de gentillesses qui ne s’accordent pas avec le ton convenable à un Journaliste. Il paroît plus s’occuper de la maniere de dire les choses, que du soin de les faire comprendre, de leur donner de la netteté, de la suite, du poids. Un jargon trop cavalier, une liberté poussée jusqu’à l’indécence, des étincelles de lumiere qui permettent à peine d’entrevoir les objets toujours légérement effleurés, ne sont point les attributs qui doivent caractériser un Interprete des Muses ; ils ne peuvent, au contraire, qu’affoiblir ses décisions.